Pourquoi l’essence est si chère

Les prix à la pompe sont repartis à la hausse. Une tendance qui n’est pas près de s’inverser. Pas avant septembre en tout cas. Explication.

Publié le 11 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Le super n’a jamais coûté aussi cher au Sénégal. Le litre se vend aujourd’hui 732 F CFA (1,11 euro), soit 4,9 % de plus qu’un mois auparavant (698 F CFA). Le prix du gasoil a également enregistré une augmentation, mais elle est moins perceptible, car elle n’est que de 1 F CFA, le litre étant désormais vendu 560 F CFA. Ce dernier carburant étant le plus utilisé par les taxis, les bus et même les particuliers, la hausse du prix du super n’a guère eu de répercussions sur les tarifs des transports en commun. Elle n’est cependant pas passée inaperçue. La presse s’est largement fait l’écho des « prix records de l’essence et du gasoil », avançant parfois la menace d’une pénurie prochaine. Craignant que les conducteurs de taxi et de bus ne profitent de la situation pour augmenter leurs tarifs, les associations de consommateurs ont décidé de redoubler de vigilance.
Carmello Robert Sagna, secrétaire permanent du Comité national des hydrocarbures (CNH), ne laisse d’ailleurs même pas planer le doute : « De nouvelles augmentations sont à prévoir dans les prochaines semaines, car, à l’approche de l’été, les tensions sur le marché américain causent chaque année une escalade au niveau des prix des produits raffinés et plus particulièrement de l’essence. » Mais ceci n’explique pas pourquoi le Sénégal est le pays où les prix à la pompe – du Super 91, de l’essence ordinaire et du gasoil – sont les plus élevés d’Afrique de l’Ouest (zone UEMOA plus la Mauritanie), le Bénin étant celui où ils sont les moins élevés, presque deux fois moins qu’au Sénégal : 415 F CFA le litre de super et 390 F CFA celui de gasoil. « Chaque pays choisit son marché de référence pour s’approvisionner en combustibles et applique ses propres taxes. Il y a aussi des gouvernements qui subventionnent l’essence et le gasoil », explique le CNH, l’organe sénégalais qui fixe, chaque troisième samedi du mois, les prix des produits pétroliers.
Quant à savoir pourquoi ceux-ci n’ont cessé d’augmenter au Sénégal depuis janvier – le litre de super était alors vendu 627 F CFA et celui du gasoil 531 F CFA -, le secrétaire permanent du CNH avance l’influence des prix pratiqués sur les produits raffinés au niveau du marché de référence des hydrocarbures pour le Sénégal, le marché North West Europe de Rotterdam. Selon Carmello Robert Sagna, il n’y a donc aucun lien direct avec les prix du baril de brut, pas plus qu’avec les droits de douane définis par le tarif extérieur commun de l’UEMOA (11 % pour l’essence et 6 % pour le gasoil), ou, a fortiori, avec les taxes spécifiques sénégalaises, restées inchangées depuis plusieurs années. En somme, il faut faire avec
Il y a un an, les acteurs du sous-secteur pétrolier réunis lors d’assises convoquées par le ministère de l’Énergie avaient proposé la création d’un Fonds de stabilisation des prix. Pour répondre à leur demande, le gouvernement a mis en place un Fonds de sécurisation des importations des produits pétroliers, dont le CNH estime qu’il a surtout pour vocation de parer les effets d’un éventuel choc pétrolier. C’est donc toujours Rotterdam qui fixe les prix à la pompe au Sénégal et il y a tout lieu de croire qu’ils augmenteront à nouveau le troisième samedi du mois de juin, avant de redescendre en septembre ou en octobre.

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