Islamistes acquittés

Publié le 11 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Deux ans de suspense pour un dénouement heureux. Accusés par le régime Ould Taya (renversé en août 2005) d’avoir flirté avec les Algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une vingtaine d’islamistes ont été acquittés, le 5 juin, par la cour criminelle de Nouakchott. Seul Khadim Ould Semme, un jeune activiste très connu, a été condamné par contumace à deux ans de prison ferme et à 300 euros d’amende. En avril 2006, il avait réussi à s’évader de la prison civile de Nouakchott, où il se trouvait, avec la plupart de ses coaccusés, en détention préventive. Il se cacherait actuellement dans le nord du Mali.
Le jury n’a pas fondé le jugement prononcé contre lui sur une quelconque implication dans une entreprise terroriste mais sur un délit de « port d’armes illégal » parfaitement anodin en Mauritanie. « Cela prouve, comme nous l’avons toujours dit, que les dossiers de nos clients étaient vides », soupire un avocat.
À Nouakchott, de nombreux observateurs sont convaincus que les services d’Ould Taya avaient monté l’affaire de toutes pièces pour démontrer à l’allié américain le sérieux et la sincérité de leur engagement dans la lutte antiterroriste. Soucieux de ne pas être accusé de laxisme par Washington, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, n’a pas osé classer le dossier sans suite. D’autant que de lourdes condamnations auraient pu lui aliéner une partie de l’opinion mauritanienne
Il a donc fallu l’arrivée d’un nouveau régime issu des urnes pour que les choses soient tirées au clair. Pour Me Ahmed Ould Youssouf, bâtonnier de l’ordre des avocats, la justice a, cette fois, fait preuve d’indépendance. « Elle a jugé sur la base d’un dossier et non en réponse à une quelconque pression politique », se réjouit-il.
Dans les jours qui viennent, deux nouveaux tests attendent les magistrats. Le premier sera le procès de onze autres islamistes soupçonnés d’avoir participé, en juin 2005, à une meurtrière attaque du GSPC contre une garnison mauritanienne dans le nord du pays. Le second concerne la plainte déposée contre la police par ceux qui viennent d’être innocentés. « La plupart ont été sauvagement torturés », explique l’un de leurs avocats.

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