[Série] Comment la Tunisie a perdu sa souveraineté dès 1869 (1/4)
« Il y a 140 ans, la Tunisie tombait sous la domination française » (1/4). Alors que les bey se lancent dans une ambitieuse politique de développement économique, au milieu du 19e siècle, la mauvaise gestion des deniers publics mène la régence sous la tutelle d’une commission financière internationale.
Grenier à blé de Rome, la Tunisie est restée centrée sur sa vocation agricole au fil des siècles et des diverses dominations. La période ottomane n’a pas fait exception, au moins jusqu’à la fin du règne de Mustapha Bey (1787-1837), qui a largement contribué à assurer la souveraineté alimentaire du pays.
La Tunisie est, au début du 19e siècle, un État assez paisible, qui tire l’essentiel de ses ressources de l’impôt et de la course en Méditerranée. Ahmed Bey (1806-1855) initie, dès 1837, de grandes réformes, dont l’abolition de l’esclavage et entreprend, comme en écho à la révolution industrielle que connaît alors l’Europe, de doter le royaume de manufactures diverses.
Une initiative louable que lui inspira un voyage en France en 1846. Mais cette volonté d’investissement public du monarque, représentant de la Sublime Porte à Tunis, se solda par un fiasco : les minoteries, les fonderies et les entreprises textiles, dont la manufacture de draps de Tébourba (Nord), périclitèrent rapidement.
Droits de douanes excessifs
L’erreur d’Ahmed Bey est de ne pas s’appuyer sur des producteurs locaux pour établir les bases de ce tissu industriel et de ne pas revoir les accords datant du 16e siècle au profit de la régence et les droits de douane excessifs que payaient les produits tunisiens, alors que ceux pour les puissances européennes ne sont que de 3 %.
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