Tunnel Maroc-Espagne : le retour d’un serpent de mer

Cela faisait des années que le projet d’afro-tunnel, censé relier le Maroc à l’Espagne en passant sous le détroit de Gibraltar, avait été relégué aux oubliettes. En pleine crise diplomatique, les gouvernement des deux pays ont pourtant à nouveau discuté de ce dossier. Fantasme ou réalité ?

Un poste frontière entre l’Espagne et le Maroc dans l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta, en Espagne, le 13 mars 2020. © REDUAN/EPA/MAXPPP

Un poste frontière entre l’Espagne et le Maroc dans l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta, en Espagne, le 13 mars 2020. © REDUAN/EPA/MAXPPP

Publié le 7 mai 2021 Lecture : 5 minutes.

Malgré leurs profonds différends diplomatiques, le Maroc et l’Espagne ont ravivé un méga-projet, digne des romans d’aventure de Jules Verne : le tunnel de Gibraltar, censé relier le royaume à la péninsule ibérique, et plus encore, l’Afrique à l’Europe : le dixième des douze travaux d’Hercule.

Le 21 avril, le ministre marocain de l’Équipement et du Transport, Abdelkader Amara, a tenu une réunion par visioconférence avec son homologue espagnol, José Luis Abalos, lors de laquelle la construction d’une liaison fixe entre les deux pays était au cœur des discussions. La dernière réunion du genre  réunissant des responsables politiques des deux pays remonte à 2009.

Aux origines du méga-projet

Pourtant, ce projet de tunnel ne date pas d’hier. L’idée, quasi-utopique, a germé dans l’esprit des ingénieurs français, puis espagnols, dès la seconde moitié du 19e siècle. Les empires coloniaux, notamment la France et l’Espagne qui dominent le Maroc, rivalisent alors d’innovations en termes de transport pour acheminer les richesses africaines en Europe.

Le principal défi est alors de dompter les eaux tumultueuses du détroit, sans succès. Il faudra attendre l’année 1979 pour que le roi d’Espagne Juan Carlos, fraîchement installé sur le trône, et le roi du Maroc Hassan II déterrent ce projet et entament des discussions sur la possibilité de relier leurs pays. Le souverain marocain aspire alors à devenir un partenaire privilégié de l’Union européenne (UE).

À peine un an plus tard, la Société espagnole d’étude pour la communication à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa) et sa jumelle marocaine, la Société nationale d’études du détroit de Gibraltar (Sned) voient le jour, et se lancent dans quatre décennies d’études de terrain et de faisabilité.

Un défi sans précédent

Avec un première question à régler : un pont ou un tunnel ? Quinze ans plus tard, à la fin des années 1990, l’idée d’un pont suspendu est jetée aux oubliettes, en raison de son coût astronomique.

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L’inauguration du tunnel sous la Manche, long de 50 kilomètres, en 1994, a également pesé dans la balance. D’autant que la distance qui sépare les deux continents au niveau du détroit n’est que de 14 kilomètres. Seulement, les eaux sont trop profondes à cet endroit-là et le terrain bien trop argileux. Le projet de construction est décalé plus à l’ouest, entre le Cap Malabata à Tanger et la plage de Punta Paloma en Espagne, pour une distance de 38,7 kilomètres, le tout à une profondeur maximale de 300 mètres. Le tunnel sous la Manche n’est qu’à 75 mètres en dessous de la mer.

Selon plusieurs experts économiques, c’est bel et bien à l’Europe que ce tunnel profiterait le plus

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