Mauritanie : Fatou Diop, droit au but

Attaquante vedette de l’équipe nationale féminine mauritanienne de football, elle est l’une des rares sportives du pays à gagner sa vie grâce à sa passion.

JAD20210518-OBJECTIF-MAURITANIE-FOOT-FATOU-DIOP © Fatou Diop lors d’un match contre l’Espagne durant le tournoi international Cotif 2019

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Publié le 12 mai 2021 Lecture : 3 minutes.

Le 30 juillet 2019, Fatou Diop, portée par les encouragements du public, a été la première buteuse de l’équipe féminine de Mauritanie. Même si le match s’est soldé par une défaite 3-1 face aux Djiboutiennes, cette image demeure un symbole dans un pays où le football est une affaire d’hommes.

Cadette d’une fratrie de neuf enfants, l’avant-centre, née en 1995 à Nouakchott, porte le numéro 10 des Mourabitoune, surnom donné aux joueurs et joueuses de l’équipe nationale, en référence à l’ancienne dynastie maghrébine des Almoravides.

Au lieu d’aider ta maman dans ses tâches ménagères, tu cours les rues avec des hommes

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Évoluant depuis deux ans à l’Association union sportive féminine Assa Zag (AUSFAZ), un club marocain, Fatou Diop est la première Mauritanienne à avoir décroché un contrat professionnel, qu’elle vient de prolonger.

Avec la bénédiction de ses parents

Une belle réussite pour celle qui a débuté dans les quartiers populaires de la capitale. De Teyarett à Dar Naïm, suivant les déménagements de la famille, Fatou découvre le football en compagnie de ses frères et amis.

Moquée à ses débuts, elle garde la tête froide : « En me voyant sortir d’un taxi avec mes équipements sportifs, ou sur un trottoir en train de m’étirer, on riait de moi. Certains allaient plus loin, en essayant de me faire culpabiliser : « au lieu d’aider ta maman dans ses tâches ménagères, tu cours les rues avec des hommes, les pieds dans la poussière ». »

Elle persiste et signe avec la bénédiction de ses parents sportifs. Son père, Ousmane Diop, aujourd’hui entraîneur, est un ancien de l’équipe nationale masculine. Sa mère, retraitée de la fonction publique, était basketteuse. La famille ne manque aucun de ses matchs, lui donnant à chaque fois une source de motivation supplémentaire.

Le début n’a pas été facile, nous étions conspuées dans les stades

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Après avoir tenté de décrocher un baccalauréat en série C (mathématiques), Fatou Diop opte pour sa passion. D’abord avec le club El Moustakbal de Dar Naïm, puis chez les dauphines du FC Camara d’El Mina. Soutenue par son entraîneur Aboubekrine Wedad, elle fourbit ses armes aux côtés de Tacko Diabira, numéro 11 de la sélection nationale.

Devenue l’attaquante vedette de la sélection nationale, Fatou Diop n’a manqué aucune rencontre des Mourabitoune : Inde, Espagne, Bolivie, Tanzanie, Tunisie, Algérie…

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Le foot n’est pas une affaire de genre

Si la jeune femme et ses camarades évoluent aujourd’hui crânement dans la discipline, c’est grâce à la Fédération de football de la Mauritanie (FFRIM) qui, depuis 2017, a instauré des compétitions de différentes catégories sur l’ensemble du territoire et dispose de centres de formation à Nouakchott et dans les régions.

« Le début n’a pas été facile, reconnaît Oumou Kane, directrice du foot féminin à la FFRIM. Nous étions conspuées dans les stades. Mais avec les différentes éditions du festival Live Your Goals, homologué par la FIFA, et nos campagnes de porte à porte auprès des familles, nous avons convaincu les sceptiques que le foot n’est pas une affaire de genre. Des tabous sont tombés et les parents n’hésitent plus à venir nous voir quand ils sentent la passion de leur fille pour le ballon ! »

La fédération a même des femmes arbitres reconnues par les hautes instances du foot mondial, parmi lesquelles Mariem Chedad – qui a officié à de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) U20, organisée du 14 février au 6 mars 2021 en Mauritanie.

Les succès de l’équipe nationale masculine contribuent aussi à faire bouger les lignes en redorant le blason du pays sur le terrain. En moins d’une décennie, les Mourabitoune se sont hissés à la 101e place au classement mondial de la FIFA et au 22e rang au niveau continental.

A 26 ans, Fatou Diop est l’une des rares sportives du pays à gagner sa vie grâce à sa passion et peut encore rêver d’évoluer un jour dans un grand championnat. Les qualifications à la CAN féminine, qui ont commencé en juin, lui donneront une nouvelle opportunité de montrer l’étendue de son talent, avec l’espoir de pouvoir disputer le tournoi, prévu l’an prochain au Maroc, presque à domicile pour la championne.

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