SOS Comores

Moroni compte sur la relance du partenariat avec Paris pour sortir la tête de l’eau.

Publié le 11 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Embellie confirmée pour les relations franco-comoriennes. La Ve Commission mixte franco-comorienne s’est réunie à Paris les 4 et 5 avril 2005, deux mois après la visite officielle en France du président Azali Assoumani. Ces assises, les premières du genre depuis 1992, ont permis à Mohamed el-Amine Soef, le chef de la diplomatie de l’archipel, et à Xavier Darcos, le ministre français délégué à la Coopération, d’aborder de nombreuses questions épineuses : circulation des personnes et des biens, politique de délivrance des visas et de la relance de la coopération dans les domaines de la santé et de l’éducation… Des liens étroits unissent les Comores à la France. Près de 150 000 Comoriens vivent dans l’Hexagone (le quart de la population du pays). Les échanges avec Mayotte, la quatrième île de l’archipel, restée française après le référendum d’autodétermination de 1975, sont intenses mais anarchiques. Beaucoup d’Anjouanais vont clandestinement à Mayotte, travailler ou rendre visite à leur famille, nuitamment, en empruntant des embarcations de fortune, les kwassa-kwassa. Plusieurs dizaines perdent la vie chaque année dans la traversée. Une situation absurde et scandaleuse, à laquelle les deux pays ont enfin décidé de s’attaquer.
La France, qui veut favoriser l’insertion de Mayotte dans son environnement régional, va aider les Comores à mettre en place une liaison maritime fiable entre Mutsamudu et Dzaoudzi – et peut-être aussi une liaison aérienne. Surtout, elle va ouvrir un consulat à Anjouan et créer une antenne à Mohéli. Ce qui permettra aux ressortissants de ces deux îles qui veulent se rendre à Mayotte de faire l’économie d’un coûteux détour par la capitale, Moroni, en Grande Comore, pour y faire une demande de visa. Les procédures d’obtention de visas de travail saisonnier seront assouplies. Paris s’est engagé à faciliter l’écoulement, à Mayotte, des produits comoriens (principalement des fruits et légumes), qui étaient jusque-là lourdement taxés. Mayotte a longtemps été une pomme de discorde entre les deux pays, l’île étant, pour les Comoriens, partie intégrante du territoire national. Mais aujourd’hui les polémiques sont terminées. « Les problèmes en suspens doivent être abordés et réglés dans un esprit positif, constructif, plaide Mohamed el-Amine Soef. C’est à ce prix que nous pourrons refonder nos relations avec la France, notre partenaire historique. » Une relance de la coopération militaire figurera à l’ordre du jour des prochaines réunions d’experts…
Le ministre comorien des affaires étrangères a aussi profité de son séjour pour sensibiliser ses interlocuteurs français à la nécessité d’accompagner financièrement le processus de réconciliation à l’oeuvre dans son pays. L’archipel, en négociation avec le Fonds monétaire international pour parvenir à un allègement de sa dette, traverse en effet une mauvaise passe budgétaire. La crise politique et institutionnelle née du séparatisme anjouanais a paralysé les Comores entre 1997 et 2003. Après avoir frôlé l’implosion, le pays s’est réconcilié en se dotant d’une nouvelle architecture institutionnelle, et en créant, en plus de l’échelon central, trois entités insulaires autonomes, dotées chacune d’un exécutif, d’une Assemblée et d’une cour de justice. Une solution, appuyée par la communauté internationale, qui s’est révélée excessivement coûteuse à l’usage.
Aujourd’hui, l’État, confronté à une dramatique baisse de ses recettes – le cours de la vanille, la principale recette du pays à l’exportation, s’est effondré cette année -, peine à boucler ses fins de mois. La grogne couve. Les fonctionnaires attendent toujours le rappel de deux mois d’arriérés au titre de l’exercice 2004, et n’ont pas encore touché les salaires de mars. « Nous avons reçu des promesses et des assurances de nos partenaires, s’inquiète le ministre el-Amine Soef, mais nous n’avons encore rien vu. Les sommes en jeu – 4 millions à 5 millions d’euros d’aide budgétaire – ne représentent pas grand-chose dans l’absolu. Mais nous ne les avons pas. Elles permettraient à notre pays d’éviter de basculer à nouveau dans l’instabilité. La communauté internationale ne doit pas se désintéresser du sort des Comores en croyant que tout est réglé parce que les élections se sont tenues et que les institutions ont été installées. Nous sommes malheureusement toujours en phase de postconflit, même si, heureusement, chez nous, le conflit n’a pas été sanglant, et aimerions bénéficier de la même sollicitude financière que la RDC, le Soudan… »

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