Maurice

Après le sucre, le textile et le tourisme, le pays mise sur les nouvelles technologies pour son développement. Un train de mesures réglementaires et fiscales a permis d’engager cette nouvelle phase de diversification de l’économie.

Publié le 12 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Depuis janvier 2005 et l’abolition par l’Organisation mondiale du commerce des quotas d’importation sur les produits de textile et d’habillement, l’île Maurice subit de plein fouet la concurrence de l’Asie, qui met à mal l’un des trois piliers traditionnels de son économie. Difficile de compter sur le sucre pour compenser le manque à gagner. Pour le moment, son prix à l’exportation est garanti dans le cadre d’accords particuliers avec l’Union européenne. Mais ce régime sera réformé d’ici à la fin de la décennie. Reste le tourisme. Un secteur prometteur, certes. Est-il pour autant capable de soutenir l’économie mauricienne à lui tout seul ? Plutôt que de spéculer sur ce point, Port-Louis a préféré agir. Objectif : appuyer désormais son développement sur les technologies de l’information. Moyen : encourager l’implantation d’entreprises étrangères.
Cette stratégie, engagée il y a seulement quelques années, porte déjà ses fruits. « Pris dans son ensemble, le secteur représente 78 entreprises et emploie 4 000 personnes. Il affiche un taux de croissance annuelle de 120 % », résume Daden Venkatasawmy, le représentant du Board of Investment (BOI) à Paris. À côté des leaders comme Infinity France (475 personnes) ou Rogers Call Centre (355 employés), on trouve des structures plus légères comme ICCS, Activeline, Appletree Mauritius, City Call, Outremer Telecom, Phone Select ou encore V Lines. La clientèle est majoritairement française, mais comprend un certain nombre d’entreprises nord-américaines ou britanniques, principalement des grands groupes (distribution, grands magasins, opérateurs télécoms). WebHelp, une entreprise basée dans la zone franche de Port-Louis, traite par exemple les services de relation-client du Club Méditerranée ou d’Orange. Plus récemment, Rogers Call Centre a signé avec AXA Assistance Allemagne afin de reprendre l’ensemble des activités du centre d’appels. « Et ça va continuer, prédit Daden Venkatasawmy. Maurice est en train de faire ses preuves. Une fois sa réputation assise, le secteur va exploser. » À côté de la gestion des relations-clients des grands comptes, le pays est déjà présent sur d’autres activités, comme l’animation ou la médiation de sites Internet (forums et chats) ou encore la télévente d’abonnements téléphoniques… et fourbit ses armes pour attaquer le marché des voyagistes et de la réservation aérienne.
Techniquement, la méthode mauricienne repose sur un principe clé, l’incitation publique. À commencer, en 2001, par la création du BOI, dont la mission est de favoriser et faciliter l’investissement étranger. Ensuite, le secteur des télécommunications a été ouvert à la concurrence. Ces mesures ont joué en faveur de la modernisation des infrastructures : Maurice est reliée à l’Europe, à l’Afrique et à l’Asie par un câble à fibre optique à haut débit, déploie l’ADSL et a créé à Port-Louis une zone franche dédiée aux nouvelles technologies. Des efforts fructueux puisque, selon la mission économique de l’ambassade de France, la télédensité atteignait, dès 2002, 27,03 lignes principales pour 100 habitants. Une performance qui place Maurice loin devant le géant économique sud-africain, lequel n’affiche qu’un taux de 10,77. Le niveau des infrastructures de communication ne constitue plus un obstacle à l’installation d’entreprises technologiques.
Le Plan TIC, adopté dans la foulée la création du BOI, a mis en oeuvre des incitations fiscales particulièrement favorables pour les groupes étrangers. Exemples : exemption d’impôt jusqu’à 2008 (puis 15 % par an), importation du matériel informatique en hors taxes, allègement de 50 % de l’impôt sur le revenu des spécialistes en TIC, électricité facturée au taux industriel en lieu et place du taux commercial… Des mesures tout exprès conçues pour les activités d’externalisation ont également été mises en place. Les centres d’appels ou de back-office peuvent opter pour une imposition uniforme de 5 %. Ils peuvent aussi bénéficier de l’assistance financière de l’Industrial Vocational Training Board (IVTB) pour la formation préopérationnelle de leurs futurs employés. Une assistance qui peut aller jusqu’à la gratuité de la formation des téléopérateurs… À plus long terme, les autorités mauriciennes prévoient de mettre sur pied un « Conseil pour le développement en ressources humaines » afin d’anticiper la demande de compétences dans le secteur des TIC.
Le tableau ne serait pas complet sans évoquer certains atouts comme le bilinguisme. Les Mauriciens parlent couramment et sans accent le français et l’anglais. Côté coûts salariaux, ils sont en moyenne deux fois inférieurs à leurs équivalents européens. Le BOI est plus précis : à Maurice, le salaire mensuel d’un opérateur de centre d’appels est compris entre 200 et 250 dollars. De quoi convaincre les plus réticents.

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