Marchés conclus

Le Premier ministre turc s’est rendu à Tunis et à Rabat. Objectif : donner un coup de fouet aux relations commerciales.

Publié le 12 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui a décrété que 2005 serait « l’année de l’Afrique », poursuit son périple sur le continent. Après ses visites en Éthiopie et en Afrique du Sud, du 1er au 5 mars (voir J.A.I. n° 2305), c’est au Maghreb, en Tunisie et au Maroc qu’il s’est rendu, du 28 au 31 mars. Pour revivifier des relations politiques qu’il a qualifiées d’« excellentes » et pour dynamiser des échanges commerciaux qui, bien qu’en progression notable, restent en deçà des potentialités des trois pays.
Face aux inquiétudes que suscite, chez ses compatriotes, l’intervention américaine en Irak, Erdogan s’emploie à diversifier les relations de la Turquie pour accroître son poids sur la scène politique régionale et accompagner la croissance de son économie. La Turquie, musulmane et héritière de l’Empire ottoman, mais aussi résolument républicaine et laïque, s’estime la mieux à même d’établir des passerelles entre un Orient qu’elle a longtemps dominé (et où elle suscite encore une certaine irritation) et un Occident qu’elle aspire à rejoindre. Voyageur infatigable, Erdogan s’est non seulement rapproché de l’Union européenne, mais aussi des pays « frères » d’Asie centrale et de la Russie, et des pays musulmans. Après ses voisins (Syrie, Iran), le Maghreb fait l’objet de nouvelles attentions. « Je suis heureux de partir pour la Tunisie », a lancé Erdogan, soulignant qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’y était rendu depuis 1989. Au Maroc, nul doute que les félicitations du roi Mohammed VI (« La Turquie est pour nous un exemple ») lui sont allées droit au coeur…
Les convergences de vues « sur les questions arabes, islamiques et internationales » ont été soulignées par le président Zine el-Abidine Ben Ali. Tant à Tunis qu’à Rabat, les homologues d’Erdogan, Mohamed Ghannouchi et Driss Jettou, se sont déclarés attachés au respect de l’intégrité territoriale de l’Irak (où Ankara s’inquiète des velléités d’indépendance des Kurdes). Sur Chypre, le plan de réunification du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan fait l’unanimité. Pour le conflit israélo- palestinien, chacun plaide pour une solution « juste, globale et pacifique ».
Erdogan n’en a pas pour autant perdu tout sens pratique. Sa délégation, forte de quarante-cinq membres, dont les ministres Ali Coskun (Industrie et Commerce) et Sami Güçlü (Agriculture), comptait de nombreux hommes d’affaires. Lors de ses voyages, le Premier ministre s’engage avec pugnacité au côté des entreprises nationales. « C’est un homme bionique, s’exclame un chef d’entreprise. Les hommes d’affaires font parfois la queue devant sa chambre d’hôtel jusqu’à 3 heures du matin, et, le lendemain, il est le premier arrivé aux rendez-vous officiels. » Il n’a pas son pareil, dit-on, pour vanter de manière décisive les qualités des firmes turques.
En Tunisie et au Maroc, on compte sur les accords de libre-échange signés avec la Turquie (qui entreront en vigueur en mai) pour doper les relations commerciales, notamment dans les secteurs du BTP, de l’agroalimentaire, du tourisme et de la recherche, mais aussi pour défendre conjointement un secteur textile menacé par la concurrence asiatique.
Entre Tunis et Ankara, le volume des échanges a atteint 330 millions d’euros en 2004. Avec Rabat, ils sont passés de 202,5 millions d’euros en 2003 à 338,6 millions d’euros en 2004. Les exportations turques au Maroc (256,8 millions d’euros, contre 81,7 millions pour les importations) sont essentiellement composées de produits sidérurgiques, de pièces détachées pour les automobiles, de véhicules industriels et de matériel électroménager. Mais les Turcs s’intéressent de près au secteur de la construction et des travaux publics marocains. Déjà, Dogus Holding construit l’autoroute reliant Settat à Marrakech, et Mak Yol réalisera un tronçon de 28 km de l’autoroute Tétouan-Fnideq. La firme Galkon, elle, s’attelle à un projet d’électrification rurale dans le Nord.
Témoins de l’émergence de ces intérêts communs, foires et salons se multiplient. À Tunis, la Turquie participera au Sommet mondial sur la société de l’information, en novembre prochain. Au Maroc, une « foire turque de l’exportation » (rassemblant 75 entreprises) s’est tenue à Casablanca en septembre 2004. En février dernier, la même ville accueillait le premier salon turco-marocain de l’industrie automobile. Le 22 mars, la Turquie était l’invitée d’honneur du Salon marocain des matières, finissages, accessoires et services textiles. La venue d’Erdogan a coïncidé avec l’inauguration du Forum des hommes d’affaires maroco-turc et avec la mise en service d’une liaison aérienne directe entre Casablanca et Istanbul.

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