Iran, Syrie, Turquie : pourquoi Mohammed Ben Salmane choisit la négociation
Par petites touches, Mohammed Ben Salmane opère un infléchissement diplomatique avec plusieurs de ses voisins. En un mois, l’Arabie saoudite a engagé des discussions avec l’Iran, la Syrie et la Turquie, trois pays avec lesquels elle entretient des relations exécrables.
Après des années de tensions et de conflits par procuration, l’Arabie saoudite et l’Iran montrent de premiers signes de détente. Une délégation saoudienne dirigée par le chef des services de renseignements, Khalid ben Ali al-Humaidan, a rencontré des responsables iraniens à Bagdad, le 9 avril, alors que les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016.
Al-Humaidan s’est également rendu à Damas, où il s’est entretenu avec le président syrien Bachar al-Assad et le chef des renseignements Ali Mamlouk, le 4 mai. Une première depuis la rupture des relations entre les deux pays en 2012, au début de la guerre civile syrienne.
Enfin, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a rencontré à Riyad son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhan Al Saoud, les 10 et 11 mai, pour faire baisser la température entre Ankara et Riyad. Les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, en 2018, dans le consulat du royaume à Istanbul. Peu de détails ont filtré sur le contenu de ces rencontres, si ce n’est un tweet de Mevlüt Cavusoglu évoquant des discussions sur les « relations bilatérales » et des « problèmes régionaux importants », comme « l’oppression du peuple palestinien ».
Les discussions entre les délégations saoudienne et iranienne sont quant à elles tenues secrètes. Et ni Riyad ni Damas n’ont commenté la visite de Khalid ben Ali al-Humaidan en Syrie.
Politique d’apaisement
Cette politique d’apaisement a un but bien précis : éviter l’isolement de Riyad alors que la reprise des négociations sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) signe un possible retour de Téhéran sur la scène internationale. L’accord lèverait les sanctions économiques contre le pays en échange de l’abandon de son programme nucléaire. La République islamique recouvrerait alors l’accès à ses quelque 100 milliards de dollars d’avoirs gelés et l’autorisation d’exporter à nouveau son pétrole. De quoi, peut-être, marquer la fin de la crise économique qui étrangle le pays.
En cas de succès, l’Iran espère que cet accord conduira ses rivaux régionaux à accepter que son influence est durablement établie en Irak, en Syrie, au Liban, et dans une certaine mesure au Yémen. Des pays où Riyad et Téhéran se sont livré des guerres par procuration durant de nombreuses années.
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