De Bacchus à Allah
Publié le 12 avril 2005 Lecture : 1 minute.
« Ce que je demande c’est un flacon de vin rubis, une oeuvre de poésie, un instant de répit dans la vie », écrivait le poète persan Omar Khayyam. Il est vrai que le jus de la treille a une image ambivalente dans les pays musulmans, notamment au Maroc. Cultivé et apprécié, il a pourtant généralement un arrière-goût de culpabilité, car sa consommation s’accommode plus ou moins sereinement de l’interdit religieux. Dans Anthologie du vin et de l’ivresse en Islam, l’anthropologue Malek Chebel explique que « l’interdit de consommation demeure aussi vivace que sa transgression. […] Il est mal vu de boire du vin, même sans s’enivrer. »
La société américaine Baraka Company a eu une idée pour apaiser les consciences : le vin halal. Les Marocains, qui connaissent déjà la bière sans alcool, et bientôt la bière halal (lire ci-contre), pourraient prochainement découvrir cette innovation, obtenue par un procédé de désalcoolisation et de fermentation. La teneur résiduelle en alcool de 0,05 % équivaut à celle d’un jus de fruit ou d’un soda. Baraka Company souhaite commercialiser ce nectar au Maroc en saisissant l’opportunité offerte par la signature, le 2 mars 2004, d’accords de libre-échange (ALE) entre le Maroc et les États-Unis. Pour investir ce marché à fort potentiel, Baraka cible les personnes qui ne peuvent pas consommer du vin alcoolisé pour des raisons religieuses, sociales ou de santé. La dive bouteille afficherait un prix de vente de 45 dirhams (4 euros) à 90 dirhams. L’entreprise prévoit un chiffre d’affaires annuel de 15 millions de dollars lorsque le marché sera arrivé à maturité. En outre, elle ambitionne de faire du royaume un marché pilote et une plate-forme d’exportation vers les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Des négociations sont actuellement en cours avec la Société des brasseries du Maroc et Les Celliers de Meknès pour étudier le marché et réfléchir à la possibilité de produire localement le vin halal, au lieu de l’importer.
