Vers un nouveau miracle

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

À quelques jours du premier anniversaire de l’accord signé le 4 mars 2007 à Ouagadougou, nul ne se risquerait à renvoyer la crise ivoirienne à un lointain souvenir tant il est vrai que de Ferkessédougou à Abidjan en passant par Bouaké, Bondoukou, Daloa, Yamoussoukro et San Pedro, la paix reste fragile.
Les signes d’un retour à la normale sont pourtant nombreux. Le « dialogue direct » entre le président Laurent Gbagbo et le chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, a conduit à la nomination de ce dernier au poste de Premier ministre. En juillet 2007, le chef de l’État s’est rendu pour la première fois depuis son élection en octobre 2000 à Bouaké, le fief des FN, pour déclarer officiellement la fin de la guerre. Le démantèlement de la « zone de confiance » qui séparait le Nord du Sud a été entériné, permettant de redéployer l’administration et de libérer l’activité économique. Enfin, le processus devant mener à des élections présidentielle et législatives a été enclenché.
Aucun autre accord par le passé n’avait permis une telle évolution. Mais l’instabilité qui caractérise la Côte d’Ivoire depuis la tentative de putsch de septembre 2002 est-elle définitivement révolue ? Au-delà des symboles et de la volonté des différents protagonistes d’aller de l’avant, la réconciliation se fera d’abord dans – et par – les urnes. Ce qui, à l’heure actuelle, est loin d’être gagné. À Abidjan, tout le monde sait que les élections ne pourront se tenir, comme le souhaite Laurent Gbagbo, le 30 juin prochain. Les audiences foraines, qui peinent à se conclure, ont retardé les opérations d’identification des électeurs et la constitution des listes électorales. Quant aux rôles de la Commission électorale indépendance (CEI) et de l’Institut national de la statistique (INS), il a fallu du temps avant qu’ils soient clairement définis.
Autre sujet d’inquiétude : la situation des soldats des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), tout comme celle des anciens rebelles. Malgré la récente promesse de réintégrer cinq mille d’entre eux au sein d’une armée « républicaine », les frustrations sont encore grandes. D’autant que les ambitions politiques de Guillaume Soro, leur ancien leader, cible d’un attentat en juin 2007, n’est pas du goût de tous. Devenus de petits roitelets locaux, plusieurs de ses anciens lieutenants ne sont pas prêts à tirer un trait sur les prébendes et autres avantages que leur confère la situation. Quant à l’armée « loyaliste », rien n’indique qu’elle jouera le jeu électoral en cas d’échec de Laurent Gbagbo.
Au miracle économique des années 1970 devra donc succéder un miracle politique : faire en sorte que l’issue de ces élections ne puisse être ni contestable, ni contestée. Il y a urgence. Voilà presque dix ans, depuis le coup d’État de Robert Gueï en décembre 1999, que la Côte d’Ivoire n’aura connu que crises politico-militaires, stagnation économique et paupérisation de sa population.

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