Trente-trois bombes humaines
Publié le 11 février 2008 Lecture : 1 minute.
Hormis les rares vidéos diffusées sur la Toile et les confessions de certains repentis, on dispose de peu de témoignages sur la sélection des volontaires et les ultimes instants de vie du kamikaze avant le passage à l’acte. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’Al-Qaïda au Maghreb dispose aujourd’hui de trente-trois candidats au martyre – notamment une femme de 26 ans – dont les portraits sont affichés dans tous les commissariats d’Alger.
Lorsqu’un terroriste veut se faire exploser, il doit en formuler la demande écrite, qui sera examinée par l’émir national d’Al-Qaïda au Maghreb, Abdelmalek Droukdel, ainsi que par ses adjoints. Une cellule secrète, dite Loudjnat al-tahassouss wa t-tadjassouss (« surveillance et espionnage »), est chargée de surveiller les volontaires pour déceler d’éventuelles défaillances de leur part, des tentatives d’infiltration ou des actes de trahison. Pour sublimer son sacrifice, le futur kamikaze aura même le privilège de rencontrer le grand chef en personne, sa garde prétorienne et ses principaux lieutenants. Une fois la cible déterminée, le volontaire devra aussi participer au repérage. Filmés à l’aide d’un caméscope, l’itinéraire à suivre et le lieu de l’attaque sont visionnés autant de fois que possible pour être mémorisés. Déguisé en mendiant, puis en jardinier, le terroriste qui s’est fait exploser devant le siège de l’ONU, le 11 décembre 2007, à Hydra, a ainsi séjourné un mois dans le quartier pour prendre ses marques avant d’y revenir pour commettre l’attentat.
Peu de temps avant l’attaque, le kamikaze enregistre une vidéo en guise de testament. Une ou deux personnes l’accompagnent pour filmer la scène du crime qui servira à la propagande de l’organisation. Si les kamikazes du Hamas palestinien se livrent à la tradition de la purification du corps, les Algériens en sont dispensés. Enfin, ceux qui désirent communiquer une dernière fois avec leurs parents sont autorisés à donner un ultime coup de fil.
