Sensuelle saudade

La chanteuse Mariana Ramos retrouve ses racines cap-verdiennes avec un troisième album léger et romantique, au doux parfum de nostalgie.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Le Cap-Vert a enfanté nombre de voix féminines, qui explorent et métissent la fameuse saudade atlantique et lusophone de cet archipel où chaque île se targue d’avoir ses propres rythmes. La légende dit même que la fameuse bossa-nova brésilienne a puisé dans les racines cap-verdiennes. Aux côtés de la grande Cesaria Evora ou des plus jeunes Mayra Andrade et Lura, Mariana Ramos est l’une des ambassadrices de charme de ce patrimoine que lui a transmis son père.
Il y a bientôt un demi-siècle, il était le guitariste de Voz de Cabo Verde, l’un des groupes qui le premier mena cette musique hors de l’archipel. C’est à Dakar qu’il rencontra la future mère de Mariana, lors d’une tournée, et que cette dernière vit le jour, avant de passer une partie de son enfance avec sa grand-mère, sur l’île de São Vicente, puis de rejoindre ses parents à Paris, à l’âge de 7 ans.

Fado, cavaquinho et funana
À São Vicente, les musiciens se retrouvent sur la Praza, la place principale. Et dans le vent du soir s’élèvent la coladeira, sorte de biguine, et la morna, un blues empli de saudade, cette nostalgie nonchalante qu’on retrouve dans le fado portugais. Au fil de ce troisième album aux arrangements soignés et jazzy, où la guitare, la contrebasse et le piano côtoient le cavaquinho (petite guitare typique des musiques portugaises et brésiliennes), Mariana Ramos explore les rythmes de son pays et flirte aussi avec la batuque, cette mélodie rythmée et souvent ironique interprétée par les femmes, ou la funana, un chant de révolte hérité des esclaves. Les oreilles les plus fines reconnaîtront même I’m Singing, une reprise de Steevie Wonder, ou un morceau émouvant à deux voix avec Teofilo Chantre, figure emblématique de l’archipel, qui, depuis 1992, accompagne Cesaria Evora.
Libérée en quelque sorte de l’influence de son père, Mariana Ramos passe pour la première fois à la composition sur Mornador, qui, s’il sonne pour elle comme un retour aux rythmes de ses origines, ne délaisse pas ses influences européennes et américaines. Et constitue son disque le plus personnel. « On finit toujours par revenir à ses racines, explique-t-elle. Ayant passé ma vie en France, j’avais envie d’explorer ces rythmes » Pour notre plus grand bonheur.

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Mariana Ramos, Mornador, Lusafrica-Sony BMG. En concert à Paris, au New Morning, le 16 février.

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