Sambi sur le pied de guerre

Fort du soutien de l’UA, le chef de l’État est bien décidé à employer la manière forte pour déloger Mohamed Bacar, qui a pris illégalement le contrôle de l’île d’Anjouan.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Cette fois, ce ne sont peut-être plus des paroles en l’air. Annoncée comme imminente depuis des mois, l’intervention de l’armée comorienne contre l’île rebelle d’Anjouan semble se préciser. « Le gros des troupes de l’Armée nationale de développement (AND) a été regroupé sur Mohéli, l’île la plus proche d’Anjouan, l’état-major y a installé son quartier général, et le président de l’Union, Ahmed Abdallah Sambi, est attendu d’un jour à l’autre », affirme le journaliste Mohamed Inoussa. Le président comorien (lui-même originaire d’Anjouan) paraît donc décidé à aller jusqu’au bout et employer la manière forte contre le colonel Mohamed Bacar, l’homme fort de Mutsamudu. Président de l’île semi-autonome d’Anjouan, Bacar a placé l’Union des Comores et la communauté internationale devant le fait accompli en organisant, le 10 juin 2007, un scrutin illégal pour se maintenir au pouvoir.
Les condamnations de la communauté internationale et les sanctions de l’Union africaine (UA) n’ont jusqu’à présent pas suffi à faire plier le régime de Bacar. Pas plus que les pressions insistantes de l’Afrique du Sud, attachée, comme la France, à la recherche d’une solution diplomatique, et qui ne souhaite pas une intervention militaire, qui serait synonyme de l’échec définitif de sa médiation. Mais, à Moroni, on s’impatiente, et on veut maintenant passer à l’offensive. Sambi n’a pas fait le voyage d’Addis-Abeba pour rien, puisque la conférence des chefs d’État de l’UA lui a donné carte blanche pour intervenir et a demandé aux pays membres « en mesure de le faire, d’apporter tout l’appui nécessaire à son gouvernement dans ses efforts visant à rétablir au plus vite l’autorité de l’Union à Anjouan ». La Libye, le Soudan, la Tanzanie et le Sénégal ont promis leur soutien.
L’AND, dont les effectifs ne dépassent pas le millier d’hommes, manquait cruellement de moyens de projection. Mais elle aurait reçu récemment des Zodiac marocains, et envisage d’utiliser un bateau de pêche offert par l’Iran comme transport de troupes en vue d’un débarquement. Tripoli aurait également fourni des munitions et promis un ou plusieurs hélicoptères. Les appareils, qui doivent transiter par le Mozambique, seraient attendus à Mohéli d’un moment à l’autre. Par ailleurs, 215 militaires tanzaniens sont déjà stationnés en Grande Comore, dans le cadre de la mission d’observation de l’UA.
Reste que l’éventualité d’un débarquement n’est pas sans risques. À la tête d’une force de huit cents gendarmes, le colonel Bacar vendra chèrement sa peau. En juillet 1997, une première tentative, improvisée par le président Taki, avait viré au fiasco. « C’est la volonté de la population qui fera pencher la balance, explique le lieutenant-colonel Salimou Mohamed Amiri, chef d’état-major de l’AND. En 1997, les Anjouanais étaient massivement acquis au séparatisme. Aujourd’hui, ils sont exaspérés et humiliés par la dictature de Bacar, et veulent retourner dans le giron de l’Union. Et nous sommes beaucoup mieux préparés. » Info ou intox ?

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