Recrutement, mode d’emploi

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

« Sache que je vais commettre une chose dont le monde entier parlera très prochainement » Ce sont les dernières paroles que Marwane Boudina, alias Mouad Ibn Jabal, a échangées avec sa mère avant de se faire exploser devant le siège du palais du gouvernement, le 11 avril 2007, à Alger. Il venait d’inaugurer un mode de massacre jamais, sinon rarement utilisé depuis le début de la sale guerre en 1992 : l’attentat-suicide. Qui était Marwane ? D’où venait-il ? Comment a-t-il été recruté ?
Originaire d’un bidonville de Badjarrah, dans la périphérie d’Alger, Marwane était un petit caïd, maintes fois condamné pour agression, vol ou trafic de drogue. Chez lui, il faisait régner la terreur avec un sabre qui ne le quittait presque jamais. « Il était vendeur de légumes à la sauvette, témoigne sa mère. Agressif avec ses frères et surs, il a été au moins dix fois en prison et n’était pas pratiquant. J’ai été surprise de voir sa photo à la télévision. »
Marwane disparaît de son quartier en novembre 2006, pendant le ramadan, pour rejoindre les groupes armés. Plus tard, on apprendra qu’il a été récupéré par les islamistes au cours de l’un de ses fréquents séjours en prison. Son cas n’est pas une exception. Selon H’Mida Layachi, directeur du quotidien arabophone Djazaïr News, Al-Qaïda au Maghreb recrute parmi trois catégories d’individus : les enfants ou les proches de terroristes tués au cours de la dernière décennie, les repentis et les éléments condamnés pour soutien au terrorisme mais ayant bénéficié d’une mesure de grâce. L’organisation séduit également les jeunes qui désirent se rendre en Irak pour en découdre avec les Américains ou pour venger Saddam.
Les prisons constituent un vivier idéal. Mélangés avec des prisonniers de droit commun, certains membres des ex-GIA ou de l’ex-GSPC, ainsi que des vétérans d’Irak expulsés vers l’Algérie tentent d’embrigader voyous, receleurs, dealers ou toxicomanes, jeunes de préférence. Émirs autoproclamés, ils délivrent des prêches, organisent des cours de théologie et exaltent le djihad. Résultat : certains détenus quittent la prison métamorphosés en futures bombes humaines.

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