Pèlerinage à Kampala

Publié le 12 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Kampala, avec ses innombrables commerces ouverts le long des rues, son trafic abondant où les voitures rivalisent avec les motos taxi et les vélos, est une ville très bruyante. Curiosité locale : les dames ne s’assoient pas à l’arrière d’une moto à cheval mais de côté ! Autre curiosité : la police de la circulation est habillée en blanc. Le paysage est dominé par de petites maisons à un ou deux étages, avec des toitures en tuiles rouges et au charme discret. La capitale de l’Ouganda est aussi un lieu de pèlerinage pour les catholiques du monde entier. Ils viennent chaque année à Namugongo, à 15 km à l’est de Kampala. C’est là que, le 3 juin 1886, le roi Mwanga II du Buganda fit brûler vifs 22 chrétiens, les martyrs de l’Ouganda.
En cet après-midi de la fin de janvier, Namugongo est calme. Un vigile en tenue rouge, matraque en main, surveille les véhicules au parking. Le regard se pose sur un bâtiment de forme conique. Il évoque d’abord une sorte de montgolfière. Cette chose étrange est le sanctuaire de Namugongo, élevé au rang de basilique mineure par le pape Jean-Paul II en 1993. À y regarder de près, l’on se rend compte que l’architecte s’est tout simplement inspiré d’une case ougandaise. La construction de l’édifice, commencée en 1967, a duré huit ans. En murs de brique rouge, l’armature est soutenue par vingt-deux piliers en cuivre symbolisant les 22 martyrs.
Cinq portes en bois donnent accès à la basilique. L’intérieur est un havre de paix. Mille chaises parfaitement disposées attendent les fidèles dans cette paroisse de 6 000 âmes. Au milieu de la pièce trône un autel rectangulaire en acajou, recouvert d’un tissu rouge et blanc. Un reliquaire contient les restes de Charles Lwanga, le meneur des chrétiens martyrisés, tandis qu’une lumière rouge indique l’endroit précis où il a été jeté sur le bûcher. Non de loin de l’autel, une imposante sculpture en bois représente Lwanga baptisant un de ses coreligionnaires. Sur les vitraux multicolores sont gravés les visages des 22 martyrs. Chaque année, selon le guide des lieux, 1 million de pèlerins arrivent à Namugongo, surtout en juin. Le site abrite également une école primaire et une école secondaire, un lac artificiel, un parc, deux maisons destinées à la retraite.

Canonisés
L’histoire de Namugongo est liée à celle du christianisme en Ouganda. Conseillé par l’explorateur Henry M. Stanley, le roi Mutesa 1er du Bouganda (1856-1884) adresse, le 14 avril 1875, une lettre à la reine Victoria. Il lui demande des experts en divers domaines et des enseignants de religion. Des missionnaires anglicans de la Church Missionary Society arrivent au Buganda en 1877. Deux ans plus tard, des Pères blancs français partis d’Alger les suivent. Mutesa, qui préfère les catholiques, subit les pressions des Arabes et des anglicans. Les Pères quittent alors le Buganda en 1882, laissant derrière eux des disciplines déterminés. À la mort de Mutesa, son fils Mwanga II commence la persécution. Béatifiés par le pape Benoît XV en 1920, les 22 martyrs de l’Ouganda seront canonisés par Paul VI en 1964. En 2002, Jean-Paul II béatifie deux autres Ougandais tués en 1918. Les martyrs sont désormais 24.

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