Mohamed-Baqer Qalibaf, un maire entreprenant

Il a profondément modifié le visage de Téhéran en s’inspirant du modèle des grandes villes occidentales. Et semble nourrir, comme son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, des ambitions présidentielles.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 3 minutes.

Pour l’instant, il refuse de se prononcer sur son éventuelle candidature, mais Mohamed-Baqer Qalibaf est considéré comme l’un des principaux adversaires possibles de Mahmoud Ahmadinejad lors de la présidentielle iranienne de 2009. Maire de Téhéran, Qalibaf, 46 ans, occupe la position clé qui était celle d’Ahmadinejad en août 2005. Les milieux diplomatiques de la capitale voient en lui un « réformateur autoritaire ». Assez autoritaire pour que ceux qui ne l’aiment pas le comparent à Reza Shah, le fondateur de la dynastie Pahlavi, qui, de 1925 à 1941, gouverna l’Iran d’une main de fer. Mais c’est ce même Reza Shah qui fit de l’Iran l’embryon d’un État moderne, y bâtit des routes, des ponts et des tunnels, et le dota d’un chemin de fer.
Dans l’interview qu’il a accordée au Financial Times, la première qu’ait obtenue un organe de presse étranger depuis son arrivée à la mairie en septembre 2005, Qalibaf rejette cette accusation d’autoritarisme. Jamais, même lorsqu’il était chef de la police entre 2000 et 2005, il n’a fait preuve de « fanatisme ou d’unilatéralisme », affirme-t-il. Ce sont de pures calomnies de la part de ses adversaires politiques. Il accepte volontiers, cependant, l’étiquette de « réformateur ». Et dresse la liste des travaux entrepris pour moderniser Téhéran, sur le modèle de grandes villes occidentales, notamment New York. L’une de ses innovations a été de diviser la ville en 380 quartiers et de faire participer les habitants à son développement « sans bouger de chez eux », ce que n’avaient pas réussi à faire ses prédécesseurs. Pour mener à bien ses réformes, il s’inspire du système de transports de New York, des animations culturelles de Paris ou du plan d’aménagement de Dubaï. Cette politique, dit-il, est « pleinement conforme aux enseignements de l’islam, qui invitent à faire appel à la science et à la technologie la plus moderne ».
Il y a encore beaucoup à faire à Téhéran pour satisfaire les ambitions du maire. Le programme d’urbanisation est très confus et la pollution fort élevée. Les foules de banlieusards qui envahissent chaque jour la capitale pour venir y chercher du travail ou un logement ne facilitent pas les choses. Même les adversaires de Qalibaf admettent qu’il s’emploie activement à régler ces problèmes. Depuis son entrée en fonctions, il a fait construire 45 km de routes, y compris des portions d’autoroutes, refait entièrement la chaussée de la rue Vali-Asr, la plus longue du Moyen-Orient, et organisé un système de transports plus efficace avec plus de trois cents autobus qui se relaient sur l’axe est-ouest. De nouvelles places de parking facilitent les déplacements individuels.
Qalibaf a également relancé la construction de la tour Milad, la quatrième du monde par sa hauteur, qui traînait depuis dix ans, et aménagé des centres culturels et des terrains de sport. Il a triplé le budget municipal, le faisant bondir à 32 milliards de rials (2,3 milliards d’euros), avec une participation de capitaux privés. Il a même réussi à attirer 8 milliards de rials d’investissements étrangers. Il reconnaît, cependant, qu’on est encore loin du compte. Les 7,5 millions d’habitants de Téhéran la nuit se retrouvent, le jour, jusqu’à 10,5 millions, alors que la capacité d’absorption des services est au maximum de 8 millions de personnes. La ville a le plus grand besoin de nouveaux investissements étrangers, explique le maire, mais il reconnaît que le programme nucléaire iranien n’est pas fait pour attirer cet argent.
Les progrès réalisés par Qalibaf ont été jusqu’à présent occultés par l’agitation populiste d’Ahmadinejad, mais le maire est convaincu que ses mérites finiront par être reconnus. « Par principe, déclare-t-il, je ne crois ni au populisme ni à la manipulation des masses. Mes amis et moi, nous sommes encore dans l’ombre, mais sur le long terme nous sommes sûrs de gagner. »

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