Maurice : paradis à vendre

Confronté à la baisse des revenus de ses deux activités historiques, le sucre et le textile, le pays mise sur l’immobilier pour relancer son secteur touristique.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

« Devenez propriétaire à Maurice. » Inimaginable il y a encore cinq ans dans un pays où 99 % du littoral appartient à l’État, ce rêve devient réalité pour les non-Mauriciens. À condition d’être fortuné : au moins 300 000 euros pour une villa de 200 m2. Ce prix plancher est fixé dans la législation Integrated Resort Scheme (IRS), adoptée en 2002, qui comporte également des avantages fiscaux, comme un taux réduit de l’impôt sur le revenu et l’exonération des droits de succession. Une vingtaine de projets ont été lancés dans ce cadre, portant sur la construction de 1 500 villas d’ici à 2009.
Ils ont pour promoteurs des sociétés mauriciennes comme Médine ou Ciel Group, des professionnels sud-africains de l’immobilier (Islands Projects et Second Life Ltd) ou encore les spécialistes français du tourisme Accor et Club Med. Aucune inquiétude pour la commercialisation : les 119 villas du programme Tamarina de Médine ont toutes trouvé preneur, comme celles de la première tranche d’Anahita, de Ciel Group (voir encadré). Symbole du basculement économique : ce domaine voit le jour sur d’anciennes plantations de canne à sucre
L’IRS est l’un des moyens trouvés par les autorités de Port-Louis pour dynamiser une économie fragilisée par le déclin de deux secteurs vitaux, le textile et le sucre. Depuis la fin de l’Accord multifibres (31 janvier 2004), les entreprises de textile subissent de plein fouet la concurrence asiatique, et les fermetures d’usines se succèdent. Quant à l’industrie sucrière, ses revenus à l’exportation vont baisser de 36 % dès cette année, dans le cadre de la révision à la baisse du prix garanti de l’Union européenne.

2,5 milliards d’investissements
Les projets immobiliers pour les touristes tombent à point nommé pour relancer les investissements – 2,5 milliards de dollars pour la phase actuelle – dans ce pays qui capte annuellement 25 millions de dollars d’investissements directs étrangers. À tel point que le gouvernement veut porter à 4 200 le nombre de propriétés en construction. Mais tout le monde n’est pas du même avis. Des associations d’habitants sont préoccupées par la destruction du littoral, et les pêcheurs s’inquiètent de la pollution. Pour les autorités mauriciennes, la question est tranchée. En 2010, Maurice recevra 2 millions de touristes par an, contre 800 000 actuellement. La concurrence qui pointe son nez semble leur donner raison. À 2 000 km de là, les Seychelles lancent sur l’île principale de Mahé leur propre programme immobilier pour vacanciers très fortunés : pas moins de 3 millions d’euros la villa.

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