Le triumvirat de la rébellion

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Mahamat Nouri, le pivot
À 61 ans, l’ancien fonctionnaire des postes Mahamat Nouri est l’homme le plus puissant de la rébellion tchadienne. Son mouvement, UFDD (Union des forces pour la démocratie et le développement), rassemble trois mille combattants équipés et motorisés par le Soudan. Né à Faya-Largeau, la grande palmeraie du Nord, ce musulman lettré est gorane, comme Hissein Habré. Après avoir combattu avec le rebelle Habré, il devient en 1982 l’un de ses ministres, puis le chef du parti unique Unir. Pour Habré, cet homme posé et cultivé est de toute confiance. Après 1990, il se rallie à Idriss Déby et occupe des postes clés. Il est successivement préfet, ministre de la Défense (2001-2003) et ambassadeur en Arabie saoudite. C’est à partir de Riyad qu’il rejoint la rébellion en mai 2006, un mois après l’échec du raid de Mahamat Nour sur N’Djamena. A-t-il été « démarché » par les services secrets soudanais qui cherchaient un rebelle de rechange ? En tout cas, il est le Tchadien préféré du président Béchir.

Timane Erdimi, le neveu
Pour Idriss Déby Itno, c’est l’ennemi intime. Pis, le traître. Né près de Fada, au nord-est du Tchad, cet homme instruit et fin d’esprit est zaghawa, comme le président. Mieux, il est son neveu ! La force de Timane, 53 ans, c’est l’association redoutable qu’il forme avec son jumeau, Tom. De 1990 à 2005, les deux frères sont les éminences grises du chef de l’État. Quand l’un est directeur de cabinet, l’autre est secrétaire général de la présidence. Mais, en 2005, Idriss Déby Itno décide de réformer la Constitution pour se représenter, et c’est la rupture. Timane prend le maquis tandis que Tom finance l’opération depuis Houston, au Texas. Pour Timane Erdimi, l’appartenance au clan zaghawa est à la fois une force et une faiblesse. Il est informé de tous les faits et gestes de son oncle. Il suffit que ses combattants du RFC (Rassemblement des forces pour le changement) appellent leurs cousins de la garde présidentielle au téléphone ! Mais il suscite aussi la méfiance de Khartoum. Le soutien du Soudan lui est donc mesuré.

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Abdelwahid Aboud Mackaye, le combattant
Moins connu que ses deux alliés, Abdelwahid Aboud Mackaye, 55 ans, est pourtant un vétéran de la rébellion. En 1980, il est blessé par balles pendant la bataille de N’Djamena qui oppose Goukouni Oueddeye à Hissein Habré. Depuis, il boite légèrement. Né près d’Oum Hadjer, dans l’est du pays, cet homme déterminé – et pas toujours diplomate – est un Arabe tchadien qui a longtemps combattu dans le CDR (Conseil démocratique révolutionnaire). Quand il n’était pas au maquis, il travaillait comme administrateur civil à l’intérieur. Sous-préfet sous le régime Déby Itno, il repart en rébellion en 2003. Aux côtés de Mahamat Nour, il prépare alors le raid fou d’avril 2006 sur N’Djamena. Puis il se rapproche de Mahamat Nouri. Mais, en 2007, l’Arabe, jaloux de son indépendance, supporte de moins en moins la tutelle du Gorane. Il crée alors l’UFDD-Fondamentale avec son compagnon de toujours, Acheikh Ibn Oumar. Ce n’est que sous la pression de Khartoum qu’il s’est rapproché à nouveau de Nouri en décembre dernier.

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