Paul Kagame : « Tshisekedi, Kabila, Macron, Touadéra, ma famille et moi »

Polémique sur le « Rapport mapping » de l’ONU, rapprochement entre Paris et Kigali, engagement des troupes rwandaises en Centrafrique… De passage en France, le chef de l’État a répondu à nos questions.

Paul Kagame, président de la République du Rwanda, à l’hôtel Peninsula, à Paris, le 18 mai 2021. © Vincent Fournier pour JA

Paul Kagame, président de la République du Rwanda, à l’hôtel Peninsula, à Paris, le 18 mai 2021. © Vincent Fournier pour JA

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Publié le 25 mai 2021 Lecture : 19 minutes.

« Cette fois, je descends dans un hôtel parisien sans risque de voir la police frapper à ma porte ! » C’est avec le sourire et le rappel d’une anecdote trentenaire que Paul Kagame accueille Jeune Afrique dans un salon du Peninsula, en marge du sommet sur les économies africaines, dont il est l’un des hôtes de marque.

De passage en France un jour de septembre 1991, après avoir été reçu au Quai d’Orsay, celui qui était alors le chef d’un front de rébellion en lutte contre le pouvoir en place à Kigali était brusquement interpelé à l’aube dans sa chambre d’hôtel, mis en joue et conduit en un lieu inconnu où il sera interrogé pendant vingt-quatre heures avant d’être relâché. S’il n’a rien oublié de ces moments, ni du rôle plus que trouble joué par l’exécutif français avant, pendant et après le génocide des Tutsi, le président rwandais ne se fait guère prier pour reconnaître que tout ou presque a changé dans les relations entre Paris et Kigali. Avec plus de pragmatisme que de sentiment – ce n’est pas le genre de la maison – et une conscience aigüe que, puisque, en la matière, tout procède des rapports de force, rien n’est irréversible, ce chef d’un État que les aléas tragiques de l’histoire ont fait beaucoup plus grand que sa taille, s’affiche désormais sans réticence aux côtés de son nouvel ami Emmanuel Macron. Aux yeux duquel il n’est rien moins qu’un « role model » pour le continent africain.

C’est donc un président de 63 ans rasséréné qui nous reçoit. Libertés publiques et individuelles, démocratie, affaire Rusesabagina, relations avec les voisins, intervention en Centrafrique : ce ne sont pourtant pas les sujets de polémique qui manquent et qui tous se concentrent autour d’une personnalité qui semble les aimanter, tant il est vrai qu’avec lui, c’est « love him or hate him » – on l’adore ou on le déteste.

Paul Kagame répond à sa manière, tranchante ou allusive, c’est selon. Mais il répond toujours.

NDLR : cet entretien a été recueilli le 18 mai à Paris et complété au téléphone deux jours plus tard depuis Kigali.

Jeune Afrique : Les rapports Muse et Duclert concluent tous les deux à une responsabilité « lourde » de la France, mais écartent l’accusation de complicité. La vérité a-t-elle enfin été dite et toutes les responsabilités ont-elles été établies dans ce dossier ?

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Paul Kagame : Ces deux rapports étaient très importants pour les relations entre nos deux pays. Mais il y a différents aspects.

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