Les gouvernements au piquet !

Une étude de la Banque mondiale stigmatise les insuffisances criantes des systèmes éducatifs des pays du Maghreb et du Moyen-Orient.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

« Le parcours inachevé. » L’intitulé, très diplomatique, de la nouvelle étude de la Banque mondiale sur l’éducation dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, n’en est pas moins fort éloquent. Publiée le 4 février, l’étude détaille l’histoire des réformes entreprises dans les quatorze pays de la région avec assez de doigté pour ne froisser aucune autorité, mais suffisamment de clarté pour sonner l’alarme. Et attirer l’attention sur les insuffisances des mesures prises dans les écoles, lycées et universités pour permettre aux jeunes d’accéder au monde du travail, dans une partie du monde qui ne manque pourtant pas de richesses matérielles (les fameux pétrodollars).
Le danger est d’autant plus grand que la part des jeunes dans la population totale va grandissant dans tous les pays concernés : 45 % de moins de 14 ans et 21 % de 15-21 ans, soit plus de 200 millions de jeunes qui vont vouloir poursuivre leurs études supérieures et trouver un travail dans les années à venir. Que feront-ils en cas d’échec ? Se soulever, émigrer, basculer dans le secteur informel, la mendicité, la drogue, le banditisme, voire le terrorisme ?
Jusqu’à présent, les investissements massifs effectués dans le système éducatif dans son ensemble ont absorbé plus de 20 % des budgets étatiques, l’équivalent de 5 % du Produit intérieur brut (PIB) annuel. C’est davantage que l’effort réalisé par l’Asie de l’Est ou l’Amérique latine. Plus d’enfants – garçons et filles – ont pu accéder à l’école, mais les États ont visé la quantité, pas la qualité (enseignants, infrastructures, programmes, incitations). Les taux de redoublement sont trop élevés et l’échec scolaire est trop précoce. Beaucoup d’élèves quittent l’école ou le lycée sans formation adéquate, presque analphabètes. Et ceux qui parviennent à s’en sortir avec un diplôme technique ou universitaire restent pour beaucoup sur le carreau (voir infographie). La Banque mondiale stigmatise l’inadéquation entre l’éducation et les besoins de l’économie, mais ne mentionne pas les obstacles que rencontrent les diplômés chômeurs lorsqu’ils ne montrent pas « patte blanche » (un « piston » ou un bakchich conséquents).

* The Road not Traveled : Education Reform in the Middle East and North Africa, 400 pages, Banque mondiale. Document accessible sur Internet : www.worldbank.org/mna

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