Mali : comment Bah N’Daw a tenté de s’émanciper des colonels
Le président de la transition a été démis de ses fonctions par Assimi Goïta à quelques mois seulement des élections. Avant même ce coup de force, la marge de manœuvre de Bah N’Daw était étroite et les pressions très fortes.
Qu’il paraît loin le jour où Bah N’Daw troquait son treillis et sa patte d’épaule de colonel-major pour un boubou blanc. Sa retraite militaire fut écourtée en septembre dernier. Main gauche sur la Constitution, l’autre levée en l’air, le président de la transition prêtait serment devant une salle comble et sous l’oeil attentif d’Assimi Goïta, le chef de la junte qui avait, quelques semaines plus tôt, renversé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Ce jour-là, rares étaient ceux qui pensaient que cet ex-pilote de l’armée malienne originaire de la région de Ségou, dans le centre, aurait les coudées franches.
Presque dix mois ont passé. Les Maliens ont encore du mal à cerner ce président dont le mandat devait s’achever en février 2022, avant qu’Assimi Goïta ne décide de mettre brutalement fin à ses fonctions*, mais ils se sont habitués à sa silhouette longiligne et à ses silences d’ancien militaire qui tranchent avec le tumulte bamakois.
Présent à Paris pour le sommet sur le financement des économies africaines, en ce mois de mai, il a enchaîné les rendez-vous : avec le Congolais Félix Tshisekedi, avec l’Ivoirien Alassane Ouattara, avec le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré… Sans oublier un dîner avec Emmanuel Macron, un déjeuner avec Tony Blair et une rencontre avec les Maliens de la diaspora, le tout sans jamais perdre le fil des tractations en cours, à quelque 4 000 kilomètres de là, pour la formation d’un nouveau gouvernement.
Le jour de la démission du gouvernement, c’était tendu entre le président de la transition et les militaires
Après avoir demandé la démission de son gouvernement, le 14 mai dernier, Bah N’Daw a choisi de renouveler sa confiance à son Premier ministre, Moctar Ouane. Au grand dam du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotes (M5-RFP), qui a battu le pavé pendant des semaines jusqu’à la chute d’IBK, et des leaders du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), officiellement dissous mais toujours très influent, et qui n’ont pas apprécié de ne pas être préalablement informé.
« Bah N’Daw a imposé Ouane, souffle un ancien ministre d’IBK. Le jour de la démission du gouvernement, c’était d’ailleurs tendu entre le président de la transition et les militaires. »
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