Côte d’Ivoire – Procès Guillaume Soro : les raisons du report
Le procès de Guillaume Soro et de dix-neuf de ses proches soupçonnés d’avoir tenté de déstabiliser les institutions de Côte d’Ivoire s’est ouvert mercredi à Abidjan pour finalement être renvoyé au 26 mai. Un renvoi réclamé par les avocats de la défense, le temps pour eux d’avoir accès à certaines pièces du dossier.
Des gardes débordés et une porte qui a bien failli céder sous la pression de la foule. Le procès de Guillaume Soro et de dix-neuf de ses proches ou membres de son mouvement politique, Générations et peuples solidaires (GPS), soupçonnés d’ « atteinte à la sureté de l’État », de « complot » et de « diffusion de fausses informations » en 2019, s’est ouvert hier dans la grande salle du Tribunal criminel d’Abidjan. Un procès très attendu finalement renvoyé au 26 mai.
Ce délai d’une semaine doit permettre aux avocats de la défense d’avoir accès à certaines pièces du dossier, notamment à l’ enregistrement sonore de sept minutes d’un échange entre Guillaume Soro et un interlocuteur. Dans cette conversation qui daterait de 2017, après la deuxième mutinerie du mois de mai de cette année-là, l’ancien président de l’Assemblée nationale dit s’être « positionné un peu partout » et avoir la « télécommande » pour passer à l’action. Cet enregistrement est la pièce maîtresse de l’accusation pour appuyer la thèse d’une tentative de déstabilisation des institutions ivoiriennes.
« Simulacre de procès »
La défense réclame aussi l’accès aux scellés des armes découvertes dans des locaux abidjanais de Soro ainsi qu’ à Assinie. « Nous ne savons rien de ces armes », assure Me Diallo, membre du collectif des avocats. Il insiste : « en matière de procédure procédurale, on ne fait pas n’importe quoi, n’importe comment. Il y a des règles qui gouvernent le procès pénal, un procès qui doit pouvoir se tenir dans un esprit de clarté et la transparence. Ainsi, il est indispensable que nous puissions examiner les pièces dont se prévaut le ministère public ».
La défense a également demandé l’application de l’arrêt rendu le 22 avril 2020 par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ordonnant que le mandat d’arrêt international émis par la justice ivoirienne à l’encontre de Guillaume Soro soit suspendu et de « surseoir à l’exécution des mandats de dépôt » contre ses proches, accusés de complicité à différents degrés. Une demande jugée non-recevable par la justice ivoirienne. Le gouvernement ivoirien, qui ne souhaitait pas exécuter cet arrêt, avait opté pour un retrait pur et simple du protocole.
Guillaume Soro, exilé en France depuis décembre 2009, est jugé en son absence, comme six autres accusés – l’ancienne ministre Affoussiata Bamba Lamine, l’ex-directeur de la communication de Soro, Moussa Touré, son aide de camp, Abdoulaye Fofana, et l’ancien député Issiaka Fofana-, eux-aussi en exil. Les défenseurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont fait savoir, par un courrier du 17 mai adressé au président et aux juges du tribunal, qu’ils ne « prêteront pas leur concours au simulacre de procès ». Dans le box des accusés, ils ne sont donc que treize. Parmi eux, l’ancien député Alain Lobognon, les deux frères de Guillaume Soro Simon et Rigobert Soro, et Souleymane Kamagaté, dit « Soul to Soul ».
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