L’autre « Mur »

Tel-Aviv brandit l’attentat-suicide de Dimona pour justifier la construction d’un nouveau mur électronique séparant le désert du Néguev et le Sinaï égyptien.

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Depuis quelques semaines, un véritable déluge de feu s’est abattu sur Gaza. L’attentat-suicide du 4 février dans un centre commercial de Dimona, dans le sud d’Israël, et la poursuite des tirs de roquettes Qassam sur la ville israélienne d’Ashkelon laissent craindre une nouvelle vague d’incursions de Tsahal, de bombardements aériens (à l’aide de drones) et d’assassinats ciblés.
Après quelques jours de répit lors de la brèche ouverte dans le « Mur » frontalier avec l’Égypte, la population de Gaza réapprend à vivre avec les affres du blocus : pénuries diverses, délestages fréquents L’ONG Human Rights Watch a beau dénoncer une politique de punition collective, le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, assure que l’isolement de Gaza, « cette entité hostile », et les opérations militaires se poursuivront tant que le Hamas ne mettra pas fin aux tirs de roquettes. « Pas question de renoncer à notre lutte, répond Salah Bardawil, député palestinien et membre de la direction du Hamas. Ni le blocus ni les incursions de l’armée d’occupation ne nous feront renoncer à nos droits légitimes. »
La revendication par le Hamas de l’attentat de Dimona aura mis fin à un moratoire unilatéral, entré en vigueur en août 2004, des attaques-suicides contre des civils israéliens. Toutefois, la fin de cette trêve est moins commentée que l’identité et l’origine de ses auteurs. Selon le Hamas, il s’agit de Mohamed al-Hirbaoui et de Chadi al-Zaghair, originaires de la ville cisjordanienne d’Hébron. « Faux ! rétorque un responsable du Shin Bet, les deux terroristes sont Louaï al-Aghwani, 21 ans, résidant à Gaza, et Moussa Arafat, 23 ans, habitant de Khan Younès. » En affirmant que les deux hommes sont parvenus à leurs fins en transitant par Rafah, les Israéliens cherchent à faire pression sur l’Égypte, éludant ainsi la défaillance de leurs propres forces de sécurité. Un argument qui sert également à justifier la construction d’un nouveau mur électronique séparant le désert du Néguev et le Sinaï. Coût de l’opération : 450 millions de dollars. En faisant admettre que les kamikazes venaient de Gaza, Tel-Aviv ferait d’une pierre deux coups : obtenir de ses alliés, si prompts à consentir des sacrifices sonnants et trébuchants au nom de sa sécurité, le financement du nouveau mur, et empêcher l’Égypte, qui en a émis le souhait, de doubler ses effectifs militaires pour le contrôle du poste frontalier de Rafah. Selon les accords de Camp David de 1977, tout renforcement de la présence armée égyptienne dans le Sinaï (faut-il rappeler qu’il s’agit d’un territoire égyptien) ne peut se faire sans l’accord du gouvernement israélien.

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