« J’étais protégé par les transporteurs »

Publié le 11 février 2008 Lecture : 1 minute.

Serge Daniel explique comment il a procédé pour intégrer et remonter les filières de l’immigration clandestine.
« Je me suis rendu compte très tôt que l’immigration clandestine reposait sur trois choses : le transporteur (celui qui amène les « clients »), l’hébergeur (le propriétaire du « ghetto » dans lequel le clandestin vit à un moment ou à un autre) et le passeur. J’ai d’abord pénétré le milieu des transporteurs de Gao, qui dépend de la filière nigériane. Je leur ai dit que j’étais journaliste. Et à d’autres, que j’étais clandestin. Cela dépendait des occasions. Mais pendant tout le trajet, j’étais protégé par les transporteurs.
À partir de Gao jusqu’à Tinza en passant par Kidal pour aller en Algérie, j’étais vraiment dans la peau d’un clandestin. Je n’avais absolument rien sur moi, c’est-à-dire pas de montre, pas de dictaphone, pas de papiers d’identité. Juste une gourde d’eau. On a mis douze heures de Gao à Kidal, alors que si vous prenez votre voiture, vous n’en mettez que six. Et c’est une fois arrivé à Kidal que j’ai pris du recul. Je me suis isolé dans un hôtel et me suis mis à écrire. Puis, de Kidal, nous nous sommes rendus à Tin Zaouaten où j’ai acheté un passeport malien. Je n’ai payé que 200 euros parce que je connaissais la filière. Mais d’autres ont déboursé jusqu’à 1 000 euros. Au total, pendant ces quatre années d’enquête, ma vie de clandestin m’a coûté 3 500 euros.
J’ai également suivi la filière jusqu’à Nouadhibou où j’ai embarqué dans une pirogue pour rejoindre les Canaries. Mais je savais que les policiers étaient prévenus de notre départ et allaient nous arrêter. Sinon, je ne l’aurais pas fait. Je ne veux pas mourir ! Je n’ai pris aucun risque. »

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