Et si les détracteurs d’Hillary avaient raison ?

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Les plus réfléchis des adversaires d’Hillary Clinton l’accusent d’être cassante, hautaine, implacablement partisane, gratuitement caustique et obsédée par le besoin de gagner à tout prix. Les plus spontanés ne cherchent pas d’explication : ils la détestent, tout simplement. Je commence à penser que ceux qui ne l’aiment pas n’ont pas entièrement tort.
Après des années et des années d’attaques débiles, de coups bas et de déchaînement hystérique contre Hillary, le problème tient moins aujourd’hui à ses détracteurs – ils sont légion – qu’à ceux qui se risquent encore à la défendre.
Au premier rang de ceux-ci, bien sûr, il y a Bill, son mari, dont les attaques, allusives mais d’une condescendance souvent incroyable, contre Barack Obama n’ont pas été d’un grand secours à son épouse et ont peut-être même compromis ses chances de l’emporter, si elle est candidate en novembre. (Exemple : « Jesse Jackson l’a emporté deux fois en Caroline du Sud, en 1984 et en 1988. Et il a fait une bonne campagne. Le sénateur Obama y a fait aussi une bonne campagne, il a fait une bonne campagne partout. »)
Il y a aussi les conseillers d’Hillary, qui se montrent souvent mécaniques et contraints, à l’instar de la candidate elle-même. (Ne gaspillez pas votre voix en votant pour Obama lors des primaires, disent-ils aux démocrates, il n’a aucune chance d’être élu. Votez plutôt pour Hillary : vous aurez tout à la fois une femme et une Clinton comme président. Et puis, si vous y tenez, Obama comme vice-président.)

Il semble que l’argument selon lequel ce dernier n’aurait aucune chance d’être élu soit de moins en moins crédible. Et si c’était Hillary, au contraire, qui n’avait aucune chance de l’être ? Ce qui lui manque, c’est qu’elle ne donne pas l’impression d’être disposée à assumer la tâche qui, impérativement, incombe à un grand président : encourager l’unité nationale, mobiliser pour le bien commun, sortir du marécage où est enlisé un pays qui a perdu ses repères, puis le remettre sur le droit chemin.
Ce qui lui manque, en un mot, c’est cette étincelle, indéfinissable mais irrécusable, dont parle Caroline Kennedy [la fille de l’ancien président] dans l’article du New York Times où elle prend position en faveur d’Obama : « Jusqu’ici, je n’avais jamais rencontré un président qui m’inspire autant que, m’a-t-on dit, mon père inspirait les gens. Pour la première fois, je crois que j’ai trouvé l’homme qui pourrait être ce président. Pas seulement pour moi, mais pour une nouvelle génération d’Américains. »
Personne n’en doute : Hillary Clinton veut gagner. Mais la vraie question, à laquelle elle n’a d’ailleurs toujours pas répondu, c’est : gagner, oui, mais pour faire quoi ? Veut-elle gagner parce que c’est la marque distinctive des Clinton ? Ils essaient, recommencent, recommencent encore jusqu’à obtenir ce qu’ils veulent. Nous savons où est l’intérêt des Clinton. Mais Hillary devra démontrer qu’il coïncide avec celui de l’Amérique.

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