Censure sur la foire

Publié le 11 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Les autorités égyptiennes n’ont pas peur du ridicule. Après avoir banni des dizaines de titres de la Foire du livre du Caire, qui s’est déroulée du 24 janvier au 4 février, elles sont revenues sur leur décision. À regarder la liste des ouvrages proscrits, celle-ci avait en effet de quoi étonner, à première vue du moins. Rien de très surprenant, certes, pour ce qui concerne Le Pain nu, de Mohamed Choukri, censuré un peu partout dans le monde arabe. Ses compatriotes marocains ont attendre l’an 2000 pour accéder à la version originale de ce roman autobiographique assez cru paru en français (au Seuil) dès 1981. On comprend aussi que Femmes de sable et de myrrhe, de la Libanaise Hanan el-Cheikh, qui évoque, entre autres, l’homosexualité féminine dans les pays du Golfe, puisse être perçu comme trop osé.
Mais pourquoi écarter L’Insoutenable Légèreté de l’être et trois autres romans du Franco-Tchèque Milan Kundera ? Ou encore Comme si elle dormait, du Libanais Elias Khoury ?
Si les autorités égyptiennes n’ont fourni aucune explication, une chose est claire : les auteurs « punis » ont en commun de passer pour des athées irrévérencieux et de déplaire aux docteurs de la Loi islamique.

Le Da Vinci Code saisi
Or c’est une constante sur les bords du Nil : les interdictions suggérées par l’université d’Al-Azhar sont en général rigoureusement appliquées par l’autorité politique. C’est comme cela, par exemple, que le Da Vinci Code a été saisi en 2006. Comme si le pouvoir, dans son face-à-face avec les Frères musulmans, trouvait là un moyen de s’octroyer à bon compte un certificat de vertu islamique.
Toujours est-il que, d’année en année, les 80 000 m2 de la Foire du Caire sont envahis par l’édition religieuse, réduisant d’autant l’espace dévolu à la littérature profane. Un phénomène qui n’est pas propre à la capitale égyptienne. À Casablanca, à Tunis, dans les pays de la péninsule Arabique, les manifestations autour du livre sont marquées par des raz-de-marée de même nature. Une exception : l’Algérie. En novembre 2007, 15 maisons d’édition « arabes et islamiques » et quelque 1 200 titres ont été interdits d’entrée au salon d’Alger au motif qu’ils faisaient « l’apologie de la violence, du terrorisme, du racisme, de la xénophobie ». Ce pays est, il est vrai, bien placé pour évaluer les dangers de l’islamisme
Il va de soi que la censure dans les pays arabes ne se limite pas aux épisodes des foires. Mais c’est un sujet qui mérite d’autres développements.

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