RDC – Éruption du Nyiragongo : le volcan n’était plus surveillé depuis sept mois

Le volcan Nyiragongo, entré en éruption samedi soir dans l’Est de la RDC, près de Goma, n’était plus surveillé depuis sept mois, faute de financements pour soutenir l’Observatoire de volcanologie locale. 

Des habitants inspectent les dommages de la coulée de lave, près de Goma, le dimanche 23 mai 2021. © Justin Kabumba/AP/SIPA

Des habitants inspectent les dommages de la coulée de lave, près de Goma, le dimanche 23 mai 2021. © Justin Kabumba/AP/SIPA

Publié le 23 mai 2021 Lecture : 3 minutes.

« Pendant sept mois, soit depuis octobre 2020 jusqu’à avril 2021, le volcan Nyiragongo n’a pas été surveillé, l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG) n’ayant plus d’appui du gouvernement central ni des bailleurs extérieurs », a indiqué la radio Okapi, citant le directeur scientifique de cet organisme.

« Le volcan est entré en éruption samedi vers 18H30 locales sur le flanc. Une coulée a coupé la route pour se diriger vers le Rwanda. Une autre coulée s’est dirigée vers le sud-ouest, vers Goma », a résumé Kasereka Mahinda, interrogé sur Okapi.

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« Il y a beaucoup de dégâts matériels (…), il y a de nombreux tremblements de terre. Le volcan est encore actif, cela appelle notre vigilance. (…) les populations peuvent retourner » chez eux, sauf dans les quartiers proches de la coulée, a-t-il déclaré.

Pas d’internet d’octobre à avril

Interrogé sur la soudaineté de l’éruption, Kasereka Mahinda a expliqué qu’« un projet de financement de la Banque Mondiale s’est arrêté en juin (…) à partir d’octobre, nous n’avons plus eu d’internet jusqu’en avril ».

« Pendant tout ce temps, nous n’avions pas de données en temps réel, il n’y avait pas de frais de fonctionnement », a-t-il regretté, le budget de Kinshasa « ne nous arrivait pas ».

Le rétablissement d’internet en mai, grâce à un partenaire américain, a « permis de collecter de nouveau des données » et « d’enregistrer de nouveau des signaux d’alerte ». « Nous avons compris qu’il fallait suivre la situation avec attention », avant d’être « malheureusement » surpris par l’éruption de samedi soir.

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Goma « a été épargnée »

« Les laves se sont arrêtées vers Buhene, en périphérie de Goma, , a déclaré le général Constant Ndima, dans une courte adresse audio à la population sur les médias publics. La ville a été épargnée. » Le général Ndima, qui dirige la province du Nord-Kivu depuis la proclamation de l’état de siège dans la région le 6 mai dernier pour lutter contre les groupes armés, a également délivré un bilan faisant état de « cinq personnes tuées dans des accidents lors des déplacements de population ».

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« Plusieurs vols dans des boutiques et une tentative d’évasion des prisonniers » à la prison de la ville ont été enregistrées, mais « la situation est maitrisée », a-t-il assuré. Dans la périphérie de la ville, à Buhene, des « maisons ont été ravagées par les laves », a précisé le général, sans donner de bilan chiffré de ces destructions.

De retour du Rwanda

Des habitants de Goma qui avaient fui vers le Rwanda après l'éruption de samedi 22 mai 2021 sont rentrés en RDC dès le lendemain. © Justin Kabumba/AP/SIPA

Des habitants de Goma qui avaient fui vers le Rwanda après l'éruption de samedi 22 mai 2021 sont rentrés en RDC dès le lendemain. © Justin Kabumba/AP/SIPA

Dimanche, les milliers de Congolais qui avaient fui Goma vers le Rwanda après l’éruption du volcan Nyiragongo sont rentrés chez eux, ont affirmé les autorités rwandaises.

« Tous les résidents de Goma sont rentrés sans encombre chez eux ce matin après avoir passé la nuit dans des refuges d’urgence que le Rwanda avait mis en place, principalement des écoles », a déclaré Marie Solange Kayisire, ministre rwandaise de la Gestion des crises. « Seuls environ 100 d’entre eux sont toujours au Rwanda mais il s’agit de gens équipés de voitures qui ont passé la nuit dans des hôtels », a-t-elle ajouté.

Selon la Rwanda Broadcasting Agency (RBA), qui diffuse la télévision publique, entre 5 000 et 7 000 personnes avaient traversé la frontière toute proche, fuyant une menaçante coulée de lave, qui s’est depuis immobilisée.

Au poste-frontière de la ville de Rubavu (anciennement Gisenyi), côté Rwanda, la situation, agitée la veille, était revenue à la normale dimanche. Dans Rubavu, marchés et boutiques étaient ouverts, malgré le ressenti tout au long de la matinée de secousses sismiques, qui se sont raréfiées à la mi-journée.

Le Nyiragongo, qui surplombe Goma, est entré en éruption samedi soir, formant deux coulées de lave qui ont descendu ses flancs, l’une vers l’est, vers le Rwanda, et l’autre vers Goma, au sud.

Tshisekedi interrompt son séjour en Europe

Le gouvernement congolais a ordonné samedi soir l’évacuation de la ville dont les habitants ont fui en masse, notamment vers le Rwanda. Dimanche matin, cette coulée de lave avait cessé sa progression pour s’immobiliser dans les faubourgs nord-est de Goma, permettant le retour des habitants.

Le président Félix Tshisekedi a pour sa part annoncé avoir interrompu son séjour en Europe, où il a notamment participé au sommet sur le financement des économies africaines à Paris, pour rentrer dès ce dimanche « afin de superviser la coordination des secours aux populations des zones menacées par cette éruption volcanique ». Le chef de l’État « suit de très près l’évolution de la situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu », a précisé la présidence sur Twitter, Félix Tshisekedi invitant les habitants « à faire preuve de prudence et de solidarité face à cette catastrophe naturelle ».

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