Bénin : Patrice Talon veut tourner la page des élections
Le président Patrice Talon a prêté serment dimanche pour un second mandat de cinq ans à la tête du Bénin. Il a plaidé pour tourner la page des tensions électorales.
« Les élections ainsi que les incompréhensions ou les querelles qu’elles génèrent, c’est désormais du passé », a lancé Patrice Talon lors de la cérémonie d’investiture qui s’est tenue ce dimanche au stade Charles de Gaulle de Porto-Novo.
Aucun chef d’État ou de gouvernement n’était présent. Un « entre soi républicain » assumé du côté de la présidence, où une source proche de Patrice Talon insistait sur le fait qu’en 2016, déjà, aucune délégation étrangère n’avait été conviée.
« Agbon non »
Patrice Talon, qui a assuré qu’il entamait avec ce second mandat son « mandat ultime », a assuré vouloir au cours des cinq prochaines années « relever tous les défis », qu’il s’agisse « de renforcer l’unité nationale, d’assurer notre sécurité, d’améliorer notre cadre et nos conditions de vie », « de mettre fin à l’impunité, notamment des élites » ou encore de « renforcer notre processus démocratique ».
« Mon souhait, c’est qu’il soit établi à la fin du mandat, que j’ai donné le meilleur de moi-même pour notre satisfaction commune et que véritablement, je mérite d’être appelé “Agbon non” [« propriétaire du souffle », en français, le sobriquet que lui donnent ses partisans]», a-t-il lancé.
Le président béninois a été réélu dès le premier tour de la présidentielle du 11 avril dernier, à l’issue duquel il avait obtenu, avec Mariam Chabi Talata, sa colistière, 86 % des suffrages exprimés, face au duo Alassane Soumanou-Paul Hounkpè (Forces cauris pour un Bénin émergent, FCBE) crédité de 11 % des voix, et au « ticket » Corentin Kohoué-Irénée Agossa (Indépendants), qui a engrangé seulement 2,25 % des voix.
Tensions politiques
Dans les jours précédant le scrutin avaient été marqués par des violences à Parakou, Savé et Tchaourou, villes du centre du pays réputées pour être les fiefs de Thomas Boni Yayi. La candidature de Reckya Madougou, désignée par Les Démocrates, le parti créé par Yayi, avaient été rejetée par la Commission électorale nationale autonome, tout comme celle de Joël Aïvo, constitutionnaliste qui souhaitait se présenter au nom du Front pour la restauration de la démocratie.
Poursuivie dans le cadre d’une enquête pour « financement du terrorisme », Reckya Madougou est actuellement en détention provisoire. Joël Aïvo a également été arrêté, et placé en détention, dans le cadre du même dossier.
Un climat qui a pesé sur la participation lors de la présidentielle, qui a été de 50,17 %, un taux très inférieur à celui observé lors de la précédente présidentielle : en 2016, il avait été de 64,03 % au premier tour et de 66,13 % au second.
Feuille de route
Au lendemain de sa réélection, Patrice Talon avait, lors d’un entretien accordé à RFI, affiché sa fermeté en affirmant qu’il « n’envisage pas à nouveau de fermer les yeux sur ce qui s’est passé ou bien de gracier ou d’amnistier, parce que ça devient récurrent ». Lors de son discours, ce dimanche, il a cependant assuré qu’il voulait être « le président de toutes les Béninoises et de tous les Béninois ».
« Ce mandat sera hautement social », a-t-il assuré, revenant sur le bilan économique de son précédent mandat et ce qu’il qualifie de « dynamique de développement » en cours. Annonçant « le retour de l’État dans l’investissement industriel pertinent », il a aussi promis de « poursuivre les efforts pour l’amélioration continu du climat des affaires et pour la lutte contre la corruption et l’impunité dans tous les domaines ». Autant de mesures, a promis Patrice Talon, qui « seront sources de richesse et d’emplois. »
Les grandes lignes d’une feuille de route qu’il confiera à son futur nouveau gouvernement dont la composition devrait, selon nos informations, être connue au plus tard au début de la semaine.
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