Annapolis, et après ?

Publié le 12 février 2008 Lecture : 2 minutes.

La solution d’un conflit passe, selon le droit international, par deux conditions préalables : l’impartialité de l’arbitre ou du médiateur et la délimitation des responsabilités en présence. Dans le cas du Moyen-Orient, ce rôle est dévolu à l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais, depuis qu’elle s’en occupe, elle a accumulé les décisions et les résolutions restées lettre morte. C’est pourquoi les tentatives parallèles ont proliféré sans résultat probant.
L’ONU porte une responsabilité double dans ce conflit : en amont, c’est elle qui a créé les deux États en 1947 (Israël et la Palestine) ; en aval, c’est elle qui doit mettre en uvre la solution et prévoir un plan de réparation globale.
L’image du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, occupant un strapontin d’observateur à Annapolis, en novembre 2007, n’est pas à la hauteur du rôle et des responsabilités onusiennes dans ce conflit. Elle est révélatrice d’un changement radical de la situation : la marginalisation de l’ONU par le président de la plus grande puissance mondiale, qui n’a pas hésité à déclarer que « l’ONU a échoué ».
Qui va alors mettre en uvre le droit international, conçu et élaboré depuis plus d’un demi-siècle ? On peut imaginer que cette responsabilité incombe désormais aux cinq grandes puissances, mais encore faut-il que les cinq veuillent le faire collégialement. Ce serait un gage d’impartialité en vue d’une solution juste et définitive du conflit. Mais force est de reconnaître que la conférence d’Annapolis n’a rien proclamé de tel. Rien n’a été dit sur la nouvelle solution sauf qu’il faut s’attendre à « des concessions douloureuses » de part et d’autre, probablement plus du côté palestinien que du côté israélien.
Golda Meir ou Itzhak Rabin avaient une vision lorsqu’ils proposaient « la paix contre les territoires ». À Annapolis, on a donné l’impression de vouloir la paix sans contreparties. Il n’y a aucun doute, le monde entier veut un succès, car il y va de la paix et de la sécurité internationales. Mais une opération de communication ne suffit pas à convaincre les spécialistes du droit international qui s’interrogent aujourd’hui sur les raisons du retrait du projet de résolution soumis au Conseil de sécurité pour avaliser le processus d’Annapolis. Serait-ce pour éviter tout retour aux précédentes résolutions dudit Conseil ? Ou pour des raisons d’ordre tactique ? Quelle que soit la réponse, elle ne fera que renvoyer la solution du conflit israélo-palestinien aux calendes grecques et consacrer ainsi la sainte alliance sécuritaire qui, depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001, domine toutes les priorités, même celles de la paix dans le monde.

*Tunisien, ancien ambassadeur à l’ONU, professeur au CEDS (Centre d’études diplomatiques et stratégiques, Paris).

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