Tunisie : du « slow » au « fast exit » des investisseurs étrangers

Doucement, les sociétés étrangères sont en train de quitter la Tunisie. Loin de profiter de la délocalisation espérée, le pays pourrait voir les départs s’amplifier, les incertitudes politiques et économiques prenant de plus en plus le pas sur ses nombreux atouts.

Lancé depuis 2009 en Tunisie, le projet Aérolia, filiale d’Airbus Group, est spécialisé dans la fabrication de structures aéronautiques et la sous-traitance. Zone industrielle d’El Mghira au sein de son parc aéronautique. Le 11 décembre 2012. © Ons Abid pour Jeune Afrique

Lancé depuis 2009 en Tunisie, le projet Aérolia, filiale d’Airbus Group, est spécialisé dans la fabrication de structures aéronautiques et la sous-traitance. Zone industrielle d’El Mghira au sein de son parc aéronautique. Le 11 décembre 2012. © Ons Abid pour Jeune Afrique

MATHIEU-GALTIER_2024

Publié le 25 mai 2021 Lecture : 7 minutes.

« Une responsable qualité, qui s’occupe des pièces des portes de l’A350, a été envoyée deux semaines en mars sur le site Latécoère au Maroc. Ils veulent délocaliser nos activités là-bas, c’est sûr. Mais on se battra jusqu’au bout. » Peur et colère se mélangent dans la voix de Zina Housni au moment de cette révélation : peur de voir son travail de vingt ans s’échapper pour de bon, colère de se faire berner.

La quinquagénaire est l’une des quelque 300 salariées de LATelec Tunisie, filiale du sous-traitant aéronautique français Latécoère, qui manifestent depuis trois mois devant l’usine de la société au sud de Tunis pour dénoncer des licenciements qu’elles jugent abusifs. « En septembre 2020, poursuit-elle, la direction annonçait que Latelec, la filiale interconnexion Latécoère en Tunisie, c’était fini, qu’il fallait accepter le chèque [de licenciement] et partir. Mais aujourd’hui, le site tourne toujours. Ils obligent même les salariés restants à faire des heures supplémentaires ! »

Manque de stabilité politique et sociale

Du côté du siège toulousain, on justifie par la pandémie la suppression de 324 emplois sur 779 et la fermeture d’un des deux sites de production. La crise du Covid-19 a entraîné en Tunisie un recul d’environ 45 % de la charge de travail en raison de la chute des commandes d’Airbus (de 40% pour les pièces de l’A320 et de plus de 50 % pour celles de l’A350 et A330) et de Dassault aviation (65 %), les deux principaux clients de la filiale tunisienne.

L’environnement économique s’érode depuis dix ans

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