Un milliard dans le béton

Porté par le pétrole, le secteur du bâtiment et des travaux publics connaît un véritable essor. Et change le visage d’un pays aujourd’hui en pleine mutation.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

« Un jour ou l’autre il n’y aura plus de pétrole, mais il y aura des aéroports, des ports et des autoroutes. Bien gérés, ils devraient générer beaucoup d’argent. » Le Premier ministre, Ricardo Mangué Obama Nfubea, nommé le 18 août 2006, fait des infrastructures une véritable priorité. Entraîné par l’impulsion donnée par le président Obiang Nguema, qui inspecte méticuleusement chacun des chantiers qu’il a lancés et qui, en août dernier, inaugurait en grande pompe l’avenue Hassan-II à Malabo, le chef du gouvernement entend faire de son pays un point de passage obligé dans la sous-région, une plaque tournante du commerce régional, un hub incontournable dans le domaine maritime, aérien et routier. Y parviendra-t-il ?
En attendant une emprise plus forte des services dans l’économie, le secteur du BTP demeure la face la plus visible du boom pétrolier. « Après le brut, nous sommes entrés dans la phase béton-goudron », ironise un opérateur. À Malabo, à Bata mais aussi dans les villes secondaires comme Ebebiyin ou Mongomo, pas une rue ou un carrefour n’échappe à l’assaut des bulldozers. Partout à travers le pays, les architectes, les sociétés de génie civil et des centaines d’ouvriers de toutes origines s’affairent pour faire éclore, souvent au prix d’expulsions massives, un État moderne.
Des dizaines de chantiers, la plupart financés sur fonds propres, sont en cours. Ils concernent aussi bien des bâtiments – le parc de logements est actuellement très insuffisant, et l’habitat hors de prix – que des routes, des réseaux d’adduction d’eau et d’électricité, ou encore des équipements collectifs comme des aéroports, des hôpitaux et des stades. « Le secteur tire la croissance vers le haut, mais le marché est aujourd’hui saturé », affirme un consultant, faisant allusion au manque de main-d’uvre dans certains corps de métier mais aussi aux importations – notamment de ciment – qui ne suivent plus la demande. En 2006, le secteur a permis au pays de gagner plus de deux points de croissance. Depuis trois ans, plus de 1 milliard d’euros sont consacrés chaque année aux travaux publics. Au début de 2007, le ministère des Infrastructures évaluait à plus d’une centaine les grands chantiers en cours. Ces derniers, réalisés par une vingtaine de groupes privés internationaux, doivent être livrés en 2008 dans le cadre de la célébration du quarantième anniversaire de l’indépendance du pays. Certains autres, déjà achevés, témoignent de la mutation opérée. Ainsi, le réseau routier bitumé a doublé en quelques années, passant de 350 à 700 km. Une route fait désormais le tour de l’île de Bioko. Et des cités de logements sociaux sortent du sol.

Effervescence générale
La partie continentale connaît la même effervescence. Bata, la capitale économique, ressemble à un chantier permanent. « Ça part dans toutes les directions, se félicite un opérateur. On peut vraiment faire du business ici. » Les projets en cours ou à l’étude sont légion. Parmi eux, l’autoroute reliant Bata à Mongomo, dans l’extrême ouest du pays, ou encore « Malabo II » et le port en eau profonde de la capitale. Érigée non loin de l’actuelle capitale, la nouvelle cité est promise aux administrations, aux ministères ainsi qu’aux sièges d’entreprises. La tour qui accueillera la compagnie nationale d’hydrocarbures (Gepetrol) est presque achevée. À partir de cette nouvelle zone, une autoroute contournera l’ancienne ville pour rejoindre directement l’aéroport. La plupart des grands groupes y sont associés : Razel, Sogeco, Arab Contractors, ?Bouygues ou encore le chinois Dalian.
Quant au port, il est encore difficile d’imaginer qu’émergera en lieu et place de l’actuelle enceinte un complexe moderne. Et pourtant. Lancés en 2006 par la société marocaine Somagec, les travaux d’agrandissement doteront le pays du seul site en eau profonde de la sous-région. Plusieurs quais, des terminaux ainsi que des zones d’entreposage sont prévus. Les travaux de l’axe de contournement ont également démarré. Cet ouvrage, qui doit être achevé en 2009, permettra d’éviter l’engorgement de la ville.

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