[Mali, un an de crise] Bah N’Daw et Assimi Goïta : comment la transition a basculé
[5/5] Le vice-président Assimi Goïta a démis de leurs fonctions le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, le 24 mai. Jeune Afrique raconte les coulisses de ce nouvel épisode décisif de la transition malienne.
Publié le 25 mai 2021 Lecture : 5 minutes.
Deux coups d’État en moins d’un an. Le Mali, déjà plongé dans une situation sécuritaire et économique difficile, tente aujourd’hui de se relever d’une énième crise provoquée par l’irruption de l’armée sur la scène politique. De la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, à celle de Bah N’Daw, en mai dernier, nous vous proposons cette semaine de revivre les moments marquants de la prise de pouvoir par le colonel Assimi Goïta. Aujourd’hui, le récit, en coulisses, du deuxième coup d’État mené par l’armée.
Depuis la reconduction de Moctar Ouane au poste de Premier ministre par Bah N’Daw, le 14 mai, des rumeurs persistantes n’avaient pas tardé à circuler. Elles faisaient état de bisbilles entre l’ex-junte malienne (Conseil national pour le salut du peuple, CNSP, dissoute en janvier 2021) et le président Bah N’Daw au sujet du maintien de Ouane à la tête du gouvernement, lequel devait s’ouvrir aux regroupements politiques.
Tout s’est finalement accéléré le dimanche 23 mai, aux alentours de 17 heures, lorsque le vice-président de la transition, le colonel Assimi Goïta, accompagné de quelques proches, s’est invité au palais de Koulouba. Furieux d’avoir été écarté de la formation du nouveau gouvernement, qui était alors en cours, Goïta entendait protester contre la mise à l’écart dans la future équipe de deux membres influents de l’ex-CNSP, les colonels Modibo Koné et Sadio Camara.
Estimant avoir un droit de regard sur la formation du gouvernement et, surtout, sur les nominations à la Défense et à la Sécurité (comme le lui concède la charte de la transition), le vice-président a demandé à Bah N’Daw de revenir sur leur éviction. Selon nos informations, Goïta a alors menacé son supérieur officiel de sanctions « irréversibles » si ce dernier venait à ne pas suivre son conseil. L’heure en était alors encore aux négociations, même si celles-ci s’annonçaient musclées.
La « stupéfaction » de Goïta
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