Tiken Jah Fakoly : « Partout où il y aura des troisièmes mandats, je m’y opposerai »
Vingt ans ont passé depuis qu’il s’est fait connaître sur la scène internationale et le reggaeman ivoirien a toujours le verbe tranchant. Rencontre avec un artiste engagé qui se rêve en « éveilleur de consciences ».
Les concerts à minima, assis et masqués, très peu pour lui. Face aux contraintes sanitaires imposées un peu partout en raison de la pandémie de Covid-19, Tiken Jah Fakoly a fait son choix : il attendra que la situation revienne à la normale pour remonter sur scène.
Pas question, pour autant, de renoncer à se faire entendre. Engagé et militant, le reggaeman ivoirien de 52 ans reste un observateur attentif de l’actualité politique sur le continent et s’érige en porte-voix d’une Afrique plus démocratique, unie et souveraine.
En ce début du mois de mai, Doumbia Moussa Fakoly – de son vrai nom – est de passage à Paris. Comme d’habitude depuis plus de vingt ans, il a posé ses valises dans un petit hôtel sans prétention de Clichy, aux portes de la capitale française, plutôt que dans un palace parisien. Il affirme y être « comme chez lui » et s’y sentir « en famille ».
Affable et posé, l’artiste aux dreadlocks et à la barbe grisonnante ôte son masque vert-jaune-rouge et prend le temps de répondre à nos questions. Sur la situation chez lui, en Côte d’Ivoire, sur son engagement ou encore sur le recul démocratique qu’il dit constater sur le continent.
Jeune Afrique : Depuis début 2020, la vie culturelle à travers la planète est largement chamboulée à cause de la pandémie de Covid-19. Comment avez-vous traversé cette période difficile ?
Je suis resté à Bamako entre ma maison et ma ferme où je m’occupais de mes animaux avec mon gardien. C’était mon activité principale pendant cette période. Je suis aussi entré en studio pour faire quelques maquettes, parce que j’ai l’intention de sortir un nouvel album en 2022. Je prévois aussi un single en 2021 pour parler un peu de l’actualité.
Tiken Jah Fakoly : Quels sont les thèmes que vous aborderez ?
Je compte parler du déclin de la démocratie en Afrique qui est en train d’être remplacée par la « famillecratie ». Au Gabon, vous avez le fils d’Omar Bongo Ondimba. Au Tchad, vous avez celui d’Idriss Déby Itno. Au Togo, celui de Gnassingbé Eyadéma. En Côte d’Ivoire, certains se demandent quelles sont les intentions d’Alassane Ouattara à l’égard de son frère cadet. Cette tendance à la succession familiale est très inquiétante.
Une autre cause du déclin démocratique est le rôle central que joue désormais l’argent dans nos sociétés. Il a été placé au-dessus de tout. Les politiciens l’ont bien compris : ils utilisent l’argent pour diviser et ça marche.
Le 31 mars, l’ancien président Laurent Gbagbo a été définitivement acquitté par la CPI. Son retour à Abidjan est annoncé comme imminent. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la Côte d’Ivoire ?
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