À qui profite la hausse ?

Alors que le baril de brut flirte avec les 100 dollars, l’Afrique doit s’acquitter d’une facture énergétique de plus en plus lourde. Dirigeants des pays producteurs, majors, traders, raffineurs et distributeurs s’enrichissent. Quant aux consommateurs, ils

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

De Casa à Bangui en passant par Ouaga, la hausse des prix des produits pétroliers fait mal. Pour les « déflatés », les « conjoncturés » et, plus généralement, pour le commun des mortels, le nouveau fléau, c’est l’inflation Au Maroc, au Sénégal, des manifestations, parfois violentes, éclatent au gré de l’envolée conjuguée des prix du kilo de blé et du litre de super. Le 8 novembre, dans la petite ville mauritanienne de Kankossa, un manifestant a même été tué lors d’un affrontement avec la police. La flambée des hydrocarbures n’épargne pas non plus les pays producteurs. À Lagos, Brazza ou Luanda, les ménagères, qui ont du mal, elles aussi, à faire bouillir la marmite, trouvent que la redistribution des revenus du brut reste très inéquitable.
À titre d’exemple, une compagnie comme Total Gabon, dont le bénéfice a atteint 326,4 millions de dollars en 2006, a décidé l’an dernier de redistribuer 202,5 millions de dollars sous forme de dividendes à ses actionnaires. Un magot à répartir entre le groupe français (58 % des parts), l’État gabonais (25 %) et quelques opérateurs privés détenteurs de 17 % du capital de l’entreprise. Ces happy few, qui ont tout de même touché une trentaine de millions de dollars au terme de l’année écoulée, pourront faire leurs courses de Noël à Johannesburg, Paris ou Dubaï, tandis que les autres devront se contenter de ce qu’ils trouveront sur les étals du marché de Mont-Bouët à Libreville. Bref, sur le pactole redistribué par Total, seulement le quart parviendra – indirectement, à travers les services publics financés par l’État – au citoyen. Encore cette compagnie fait-elle preuve de transparence, au regard de l’angolaise Sonangol ou de la Nigerian National Petroleum Corporation, toutes deux réputées pour leur opacité.
Quant à l’automobiliste de Libreville ou de Pointe-Noire, il a beau vivre dans un pays pétrolier, il ne paiera pas l’essence moins cher pour autant. Si les majors empochent l’essentiel des bénéfices réalisés sur les exportations, les consommateurs doivent encore payer les intermédiaires – importateurs, raffineurs, distributeurs – qui, eux, facturent le super ou le gasoil au prix fort. À qui donc profite la hausse ? En tout cas, pas aux Africains.

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