Modèle de développement au Maroc : ce que dit le rapport présenté à Mohammed VI
Après plusieurs mois d’attente, la commission Benmoussa a enfin rendu public le fruit de sa réflexion sur le nouveau modèle de développement au royaume. Premiers éléments d’un rapport très attendu.
Ce mardi 25 mai, au Palais royal de Fès, Chakib Benmoussa présentait au roi Mohammed VI le rapport de la commission qu’il préside sur le nouveau modèle de développement. Un moment très attendu, auquel a assisté tout le gotha politico-économique du royaume : le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, le président de la Chambre des Représentants, Habib El Malki, les conseillers royaux Omar Azziman et Fouad Ali El Himma, mais également le secrétaire général du Conseil supérieur des Oulémas, Mohamed Yssef, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, le président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), le patronat marocain, Chakib Alj, ainsi que le président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Othman Benjelloun.
Fruit d’un large processus participatif d’écoute, de débat et de réflexion autour de la rénovation du modèle de développement, qui a débuté en décembre 2019, ce document imposant (170 pages) a pour objectif de « libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ».
Message d’espoir
« Comme régulièrement dans l’histoire longue du royaume, l’heure est venue de renouveler le pacte national. Un pacte qui garantisse à la fois équité et liberté, protection et autonomie, innovation et enracinement, diversité et unité au service d’une nouvelle ambition. Ce pacte, engagement moral, politique et symbolique fort pris devant Sa Majesté le Roi et devant la Nation tout entière, inaugurera un nouveau chapitre de l’histoire du pays », peut-on lire dans ce rapport, dont la version numérique est consultable sur le site de la commission Benmoussa.
« Ce pacte […] inaugurera un nouveau chapitre de l’histoire du pays » peut-on lire dans le rapport
Une démarche bienvenue, en particulier après les images diffusées la semaine dernière de milliers de jeunes Marocains tentant de fuir le royaume en passant par Ceuta. « Le timing de révélation de ce rapport n’est effectivement pas anodin, analyse un observateur des travaux de la commission. C’est en quelque sorte une réponse à la jeunesse du pays, une lettre qui dirait : vous n’êtes pas seuls, ne perdez pas espoir. Ensemble, nous pouvons construire un avenir meilleur. »
Conçu en 3 parties, il se veut « un référentiel commun de toutes les forces vives dans leur diversité », et appelle « à la mobilisation de toutes les potentialités du pays » en plaçant « l’humain » au cœur des priorités des politiques publiques.
Le premier volet du rapport, intitulé « le Maroc d’aujourd’hui et le monde à venir » pose le diagnostic, en dressant « un état des lieux exhaustif » du Maroc, qui mesure les atouts et les faiblesses du pays, et identifie les défis qui l’attendent.
Le second volet est, lui, consacré à la méthode. Autrement dit, ce qui doit être fait pour parvenir au changement du point de vue de la gouvernance, du fonctionnement des administrations, jusqu’à la définition des responsabilités en passant par l’encouragement à la prise d’initiative. Et précise que « ce référentiel inclut également un dispositif de pilotage stratégique et de conduite du changement, pour veiller en permanence à l’effectivité de la mise en œuvre et à la cohérence de l’action avec le cap et les objectifs ».
La monarchie, clef de voûte du développement
La troisième partie est assimilable à une feuille de route. Comprenant 4 axes, elle regroupe des propositions concrètes pour le développement de domaines essentiels tels que l’Éducation, la Santé ou encore les libertés individuelles, en tenant compte des failles et fragilités du Maroc révélées par la pandémie de Covid-19.
« Notre pays prend acte [de cette crise sanitaire] non comme une crise passagère mais comme le révélateur de nécessaires transformations systémiques, en lien avec nos territoires et nos domaines de souveraineté économique, alimentaire, énergétique et numérique », souligne à ce propos le rapport dès le préambule.
Ce sentiment de fierté d’appartenance à l’une des plus vieilles nations du monde est un des socles sur lesquels repose notre futur commun »
Cette ambition pour les prochaines décennies se réclame du legs du passé et de la volonté du présent. « Née du brassage unique de cultures arabo-islamique et amazighe, africaine et saharo-hassanie, hébraïque et andalouse, cette personnalité historique marocaine conjugue la durée et la pluralité. Foyer d’un islam éclairé et enraciné, nourri de spiritualité et d’humanisme, elle porte fièrement sa singularité. Ce sentiment de fierté d’appartenance à l’une des plus vieilles nations du monde est un des socles sur lesquels repose notre futur commun ».
Un futur commun et un avenir qui continuera de reposer, précisent les 35 membres de la commission de développement, sur l’institution monarchique : « L’institution monarchique, emblème de continuité historique et de stabilité, est la clef de voûte de cet édifice dynamique. Elle donne à la nation la force et l’audace nécessaires à son essor. Le Souverain, incarnation de cette singularité assumée, est le garant de l’équilibre entre un État fort et juste et une société forte et dynamique, il est porteur du leadership nécessaire à l’atteinte des grandes ambitions historiques, à leur suivi et à leur continuité ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...