Huile de palme, bois, cacao : ce qui attend l’Afrique en 2021

À la faveur de la crise, les cours des produits agricoles atteignent des niveaux très élevés, portés par la forte demande chinoise. La tendance devrait se confirmer d’après les conclusions du dernier rapport CyclOpe.

Usine d’embouteillage d’huile de palme, Lambaréné (Gabon). Juillet 2018. © Jacques Torregano pour JA

Usine d’embouteillage d’huile de palme, Lambaréné (Gabon). Juillet 2018. © Jacques Torregano pour JA

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 27 mai 2021 Lecture : 3 minutes.

Le 35e rapport CyclOpe sur les marchés des matières premières publié le 26 mai met en lumière que, sous l’effet de la crise économique due à la pandémie, les prix des produits agricoles n’ont pas évolué en 2020 comme les métaux industriels ou l’énergie. Ces derniers se sont effondrés avant de se reprendre fortement à la fin de l’année en raison de la formidable demande chinoise, mais les variations par rapport à leurs prix moyens de 2019 demeurent négatives.

Il ne faut pas exagérer les tensions agricoles

En revanche, les matières agricoles ont fait mieux que résister à l’image de l’huile de palme (+28 %), du riz (+16 %), du café (+8 %) ou du cacao (+1 %). Il n’y a que le coton dont les prix moyens ont reculé de 8 %.

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Les marchés à l’affût

CyclOpe anticipe pour 2021 la poursuite d’une hausse des prix des matières premières, notamment pour toutes les matières agricoles : +26 % pour l’huile de palme, +20 % pour le café, +20 % pour le maïs, +11 % pour le coton, +5 % pour le riz, +1 % pour le cacao.

Même si Philippe Chalmin, coordonnateur du rapport, estime « qu’il ne faut pas exagérer les tensions agricoles », il est évident que les matières premières sont redevenues à la mode auprès des investisseurs pour qui elles constituent à nouveau une classe d’actifs riche de plus-value potentielle.

Les marchés sont donc à l’affût d’informations sur une insuffisance des stocks – par exemple, pour les huiles au plus haut depuis dix ans – ou sur l’appétit de la Chine – par exemple, pour le coton reparti à la hausse – ou encore sur l’excès de l’offre sur la demande – par exemple, le cacao en petite forme.

Bras de fer autour de la fève

Le rapport analyse le marché paradoxal de la fève. Le bras de fer engagé par la Côte d’Ivoire et le Ghana (62 % de la production mondiale en 2019-2020) avec les multinationales du chocolat semblait bien parti pour les producteurs. En exigeant de leurs acheteurs, un « différentiel de revenu décent » de quelque 400 dollars la tonne exportée, les deux pays ont obtenu une hausse du prix de vente de 21 % pour le producteur ivoirien et de de 28 % pour le ghanéen en 2020. Reste que les prix du cacao stagnent et pas parce que la consommation a été paralysée par la pandémie.

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« Globalement, l’offre ouest-africaine est suffisamment élevée pour constituer une chape de plomb sur le marché chaque fois que les prix font mine de grimper », analyse le rapport qui ajoute que certaines multinationale ont limité « leurs achats à l’origine de cacao ouest-africain pour ne pas payer le nouveau prix fort » et qu’elles se sont tournées « vers les fèves dans les entrepôts certifiés des marché à terme ».

Le Gabon entend devenir le leader mondial du bois tropical transformé dès 2023

Les planteurs ont aujourd’hui du mal à vendre leur récolte. Les multinationales n’ont pas dit leur dernier mot…

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Volontarisme

Autre produit où les Africains entendent faire preuve de volontarisme : les bois tropicaux. Grâce au Vietnam notamment qui « s’est imposé comme un acteur majeur du commerce du bois » selon CyclOpe, les prix des grumes comme ceux des produits transformés ont poursuivi leur ascension.

Il est vrai que la décision affichée par l’Afrique centrale de ne plus exporter des grumes, dès 2022, pour développer leur transformation sur place change la donne. Le Gabon entend même devenir le leader mondial du bois tropical transformé en 2023.

Sans que l’on puisse prédire si ce sera à la hausse ou à la baisse, le marché du bois sera affecté dans les prochaines années par la lutte contre le réchauffement climatique. Car les grandes entreprises internationales veulent atteindre la neutralité carbone en compensant leurs émissions de gaz à effet de serre par la plantation de millions d’hectares dans les forêts tropicales où les arbres poussent et sont exploitables plus vite.

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