[Édito] À quoi servent les militaires maliens ?

Incapable de répondre aux enjeux sécuritaires, l’armée malienne n’a pourtant pas hésité, une nouvelle fois, à entrer de force dans le jeu politique. Pour le pire.

Le colonel Assimi Goïta, ici le 24 août 2020 à Bamako après le coup d’État contre IBK, a poussé le président de la transition Bah N’Daw à la démission. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Le colonel Assimi Goïta, ici le 24 août 2020 à Bamako après le coup d’État contre IBK, a poussé le président de la transition Bah N’Daw à la démission. © Baba Ahmed/AP/SIPA

MARWANE-BEN-YAHMED_2024

Publié le 28 mai 2021 Lecture : 5 minutes.

Appelons un chat un chat : l’ubuesque séquence à laquelle nous venons d’assister au Mali n’est rien d’autre qu’un vulgaire coup d’État. Le troisième en dix ans, le deuxième en moins d’une année… À peine 48 heures après avoir démis de leurs fonctions le président de la transition, Bah N’Daw, et son Premier ministre, Moctar Ouane, le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte qui a mené le putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août dernier, redevient de fait le patron du pays. Bah N’Daw a en effet remis, ce mercredi 26 mai, sa démission ainsi que celle de son Premier ministre à celui qui était, jusque-là, son vice-président. Le gouvernement, dont la composition avait été dévoilée le 24 mai, quelques heures avant le coup de force des militaires, est quant à lui dissous.

La goutte d’eau

Les tensions entre Assimi Goïta et Bah N’Daw étaient vives depuis la reconduction de Moctar Ouane au poste de Premier ministre, le 14 mai. Mais c’est l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, lundi soir, qui a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder la jidagaw. Goïta n’a pas supporté l’éviction de deux de ses fidèles, membres influents de l’ancien Conseil national pour le salut du peuple (CNSP, officiellement dissous en janvier) : les colonels Modibo Koné et Sadio Camara, respectivement ministres de la Sécurité et de la Défense dans le précédent gouvernement.

Détestable habitude des hommes en treillis de Kati, qui n’hésitent jamais à investir par la force le champ politique

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