« Je veux changer d’air »

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Ayant beaucoup misé sur l’éducation depuis cinquante ans, la Tunisie forme plus de praticiens qu’il n’en faut pour répondre à ses besoins dans quatre facultés de médecine (47 spécialités), une faculté de médecine dentaire et une faculté de pharmacie. Les médecins trouvent de moins en moins de postes, notamment dans le public, très convoité parce qu’il offre plus de sécurité et la garantie d’une carrière. On compte aujourd’hui 900 demandes d’emploi de médecin non satisfaites dans les hôpitaux publics, et le délai d’attente avant un éventuel recrutement est de plusieurs années. L’installation dans le privé étant devenue très onéreuse, beaucoup se rabattent sur les cliniques privées, qui, bien que prospères pour la plupart, offrent le plus souvent « des emplois précaires et mal rémunérés », comme le souligne l’un des candidats pour l’Afrique du Sud. Parmi ces derniers, certains ont déjà fait de la coopération dans les pays du Golfe et un grand nombre d’entre eux ont plusieurs années d’expérience. On a même relevé le dossier d’un chirurgien exerçant depuis vingt ans. Les candidats ont été sélectionnés sur la base des dossiers déposés par 930 personnes, dont 700 nouveaux diplômés demandeurs d’emploi dans le public.
Le nombre exact de médecins chômeurs en Tunisie n’est pas connu. Fin 2003, le Conseil national de l’ordre des médecins recensait 2 316 praticiens « inactifs » sur 10 828 inscrits. Mais le terme « inactifs » recouvre plusieurs situations. Les statistiques de l’Agence tunisienne de coopération technique (ATCT) traduisent, en revanche, un net désir d’expatriation temporaire. Sa base de données comporte une liste de 3 927 personnels de santé qui ont manifesté le désir de partir travailler à l’étranger. Plus des deux tiers sont des médecins. Parmi eux, 2 395 généralistes et plusieurs dizaines de spécialistes. « Chacun a ses propres motivations. Pour certains confrères, c’est essentiellement le côté financier », explique l’un des candidats. Médecin de la santé publique depuis plusieurs années, marié, un enfant, il veut « acquérir une expérience internationale dans l’un des plus beaux pays du monde et contribuer à relever le défi de santé publique que s’est lancé l’Afrique du Sud. » Avant d’ajouter : « Et je veux changer d’air. »

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