Algérie : comment le pouvoir tente d’étouffer le Hirak

Les autorités ont décidé d’en finir avec les marches de protestation en actionnant plusieurs leviers répressifs à moins de trois semaines de la tenue des élections législatives du 12 juin.

Manifestation du Hirak à Alger, le 15 mars 2019. © Sadak Souici / Le Pictorium/MAXPPP

Manifestation du Hirak à Alger, le 15 mars 2019. © Sadak Souici / Le Pictorium/MAXPPP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 28 mai 2021 Lecture : 5 minutes.

Pour la première fois depuis la reprise, en février 2021, des manifestations du Hirak, le pouvoir est parvenu à bloquer la marche hebdomadaire qui devait avoir lieu vendredi 21 mai à Alger. Ce vendredi-là, l’accès aux rues principales où se tiennent traditionnellement ces manifestations est bouclé par un impressionnant dispositif policier. Même scénario dans plusieurs villes du pays, où les services de sécurité ont bouché les parcours empruntés par les marcheurs. En revanche, à Bejaïa et Tizi Ouzou, les deux principales villes de de Kabylie, la manifestation a drainé, comme à l’accoutumée, des dizaines de milliers de Hirakistes.

Le bilan de ce vendredi est lourd. Des centaines de personnes sont interpellées dans plusieurs régions du pays avant d’être relâchées, alors qu’une cinquantaine de manifestants sont placés sous mandat de dépôt. Il faut remonter à l’été 2019, à l’époque où Ahmed Gaïd Salah, ex-patron de l’armée, avait choisi l’option de la force pour contenir la contestation, pour constater un tel climat de répression.

Pas d’internet, pas de live et donc black-out sur la Hirak. A priori, cette stratégie s’avère efficace

En février 2021, pourtant, une soixantaine de détenus ont été graciés par la présidence, un signe perçu comme un geste d’apaisement. « Le Hirak béni a sauvé l’Algérie, déclare Tebboune dans un discours à la nation. J’ai décidé d’accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu’à d’autres pour lesquelles aucun verdict n’a été prononcé. » Aujourd’hui, on dénombre 180 prisonniers d’opinion en Algérie, selon le décompte d’un comité pour la libération des détenus.

Le retour à la force

C’est qu’après avoir fait preuve de tolérance depuis la reprise du Hirak, suspendu en mars 2020 pour cause de pandémie, le pouvoir opte désormais pour l’intimidation et la répression, tout en actionnant le glaive de la justice pour en finir avec la contestation. Une poigne de fer d’autant plus nécessaire pour les autorités qu’elles comptent réussir le pari des élections législatives du 12 juin.

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