[Chronique] Accueil d’Emmanuel Macron à Kigali : crime de lèse-président ?

Paul Kagame devait-il accueillir lui-même Emmanuel Macron, à l’atterrissage de la délégation française au Rwanda ? Sur fond de buzz, les avis sont partagés.

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Publié le 28 mai 2021 Lecture : 2 minutes.

Chacun a les préoccupations qu’il mérite. Tandis que certains observateurs décortiquent un discours macronien qui transpire la portée historique – au sujet de la « responsabilité » française dans le génocide des Tutsi –, d’autres devisent sur des détails protocolaires.

Ce jeudi 27 mai, à l’aéroport de Kigali, le président français était accueilli par le ministre rwandais des Affaires étrangères et non son homologue local. Comme l’heure est aux amabilités ressuscitées et au lyrisme contrit, après une période de relations meurtries, la diplomatie française ne saurait s’offusquer officiellement d’un éventuel camouflet. Cette pudeur n’empêcherait tout de même pas quelques dents de grincer…

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« Humiliation »

Des blogueurs et éditorialistes africains n’hésitent pas, eux, à emboucher la trompette du « décolonialisme » des esprits, osant parfois l’emploi des termes « mépris » ou « humiliation » pour qualifier le traitement « subversif » réservé au chef de l’État français.

Les spécialistes du protocole politique listeront, un jour, les motifs d’éventuelles entorses au principe d’équivalence de rang de l’accueillant et de l’accueilli. Mais nombre de Rwandais appuient leur démonstration actuelle sur un événement récent : il y a quelques jours, à l’occasion du sommet parisien sur le financement de l’économie africaine du 18 mai, Emmanuel Macron ne s’était pas rendu sur le tarmac où atterrissait l’avion de son homologue rwandais.

C’est donc conformément à un principe de réciprocité que Paul Kagame n’aurait accueilli Emmanuel Macron qu’à l’entrée de la résidence présidentielle rwandaise, qui plus est la main gauche dans la poche, signe d’une décontraction ostentatoire. Un comportement très « kagamien » que certains présentent comme une expression légitime de souveraineté.

Fin de « l’Afrique à papa »

Les Français pourraient toujours rétorquer qu’on ne compare pas la logistique de la visite d’un seul président étranger et celle d’un sommet où était conviée une vingtaine de chefs d’État. Macron devait-il dormir à l’aéroport de Paris pour accueillir successivement Kagame, Ouattara, Tshisekedi ou encore Sassou Nguesso ?

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Si l’argument de l’agenda français n’interdit pas aux internautes africains de s’enjailler, ceux-ci se moquent aussi, en creux, de leur propre classe politique. Si Emmanuel Macron n’a sans doute que faire du visage qu’il voit en sortant de l’avion, les présidents africains, notamment francophones, se pressent souvent sur les tarmacs pour recevoir les grosses pointures de la géopolitique mondiale. Et ceci quand bien même ils ne seraient eux-mêmes accueillis « que » par des ministres, voire des préfets, quand ils ont pris le chemin de la France.

Peut-être faut-il tout simplement se réjouir de toutes les « fins » révélées par ce voyage d’Emmanuel Macron au Rwanda : la fin de la brouille franco-rwandaise et la fin de « l’Afrique à papa » et son corolaire de débauche protocolaire…

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