Du brut au gaz

Après avoir privilégié l’extraction de pétrole, le pays se tourne vers le GNL, ressource de plus en plus demandée.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

La cérémonie était à la hauteur de l’événement. Elle illustre aussi les espoirs que le gouvernement équatoguinéen fonde sur le gaz naturel. Le 17 octobre dernier, sur le site de Punta Europa, à l’ouest de Malabo, pas moins de six chefs d’État africains, emmenés par le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Ghanéen John Kufuor, ont assisté à l’inauguration du premier train de production de gaz naturel liquéfié (GNL) construit par Ecuato Guinean-LNG (EG-LNG), société créée en 2004 et dont l’américain Marathon détient 60 % des parts. Un chantier titanesque doublé d’une prouesse technique, le complexe ayant nécessité la construction d’un pont d’une longueur de 350 mètres suspendu à 70 mètres au-dessus de la mer afin d’alimenter les méthaniers venus s’approvisionner au terminal.
Le gaz, qui provient essentiellement du champ Alba, situé dans le domaine offshore, va permettre de profiter de l’expansion attendue de la demande gazière au cours des prochaines années. La tendance est inéluctable et la Guinée équatoriale entend bien jouer sur son avantage comparatif. L’existence d’un train de GNL, qui a nécessité 1,5 milliard de dollars d’investissement, permet d’ores et déjà la mise en production de réserves estimées à plus de 40 milliards de m3 à raison d’une production de 3,7 millions de tonnes par an. Un chiffre qui devrait encore croître.
Alors qu’elles souhaitent régionaliser le projet EG-LNG pour traiter le gaz des champs pétrolifères du Nigeria et du Cameroun tout en réduisant le torchage (purge du gaz naturel qui accompagne l’extraction du pétrole et qui provoque le rejet d’importantes quantités de CO2 dans l’atmosphère), les autorités équatoguinéennes envisagent de construire un second train. Celui-ci comprendra notamment la construction d’un gazoduc d’un coût de 200 millions de dollars reliant le champ de Zafiro à Punta Europa. Ce chantier permettra de porter la production globale annuelle à 8 millions de tonnes. Les tours de table débuteront en 2008, mais le financement n’est pas encore assuré.
Par ailleurs, les négociations avec le Nigeria et le Cameroun, entreprises sous l’égide de la Banque mondiale dans le cadre de la Global Gas Flaring Reduction Partnership (GGFRP), se révèlent plus difficiles que prévu car fortement influencées par la politique sous-régionale. Bien qu’un accord ait été signé le 7 décembre 2006 avec Abuja pour la livraison à Malabo de 600 millions de m3 de gaz moyennant la cession de deux blocs à la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), l’élection du président Umaru Yar’Adua, en avril dernier, a remis en question cet accord. Quant à Yaoundé, au-delà de ses problèmes de délimitation des frontières maritimes avec la Guinée équatoriale, ses projets visent surtout la production locale. La conclusion effective de l’accord devrait donc prendre du temps. Il n’est d’ailleurs pas exclu que le français Total, absent de la Guinée équatoriale, soit à nouveau approché. Très présente au Cameroun mais aussi au Nigeria sur les champs d’Obudu et Ofon situés près d’Alba, la major française pourrait en profiter pour avancer ses pions.

Un véritable pactole
En attendant, Malabo continue de tenir son rang de petit émirat et de troisième producteur de pétrole au sud du Sahara. Malgré une chute de la production de 4,5 % en 2006, les perspectives sont alléchantes et l’État, qui bénéficie de cours mondiaux très favorables, continue, d’une année sur l’autre, d’engranger un véritable pactole. L’an passé, la production de brut, qui s’est située à 17,1 millions de tonnes (344 000 b/j) pour un cours moyen de 60,20 dollars. Ce sont au total 1 982 milliards de F CFA qui sont revenus au Trésor public équatoguinéen. Une tendance qui devrait se confirmer en 2007 avec une production sensiblement identique grâce à la mise en service du champ Okoumé, situé au large de Bata, et des cours proches de 100 dollars le baril. Le repli perceptible du champ historique de Zafiro, exploité par l’américain ExxonMobil, qui n’a donné que 240 000 b/j en 2006 contre 261 000 un an auparavant, est donc sans conséquence. Surtout, il est désormais largement compensé par la production gazière. Preuve de la place de plus en plus importante de ce secteur, la Guinée équatoriale a produit, en 2006, 1,64 million de tonnes de méthanol et autres gaz, notamment du condensat ainsi que du gaz de pétrole liquéfié (GPL), contre 1,49 million en 2005, soit une augmentation de 10 %.

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