150 dollars le baril ?

Le marché est aujourd’hui entre les mains d’opérateurs financiers. Si bien que le futur prix de brut relève davantage de calculs de probabilités que de la loi de l’offre et de la demande stricto sensu.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le futur prix du pétrole a plus à voir avec les calculs de probabilités qu’avec la loi de l’offre et de la demande. Ce sont en fait les agents boursiers qui décident in fine du prix de la plupart des matières premières, alors que producteurs et acheteurs ne font que subir l’évolution des cours. Avant l’introduction du brut sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), en 1983, le prix du pétrole se fixait de gré à gré entre producteurs et consommateurs (États et compagnies) pour une durée déterminée. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) assurait près de 60 % du commerce mondial (environ 40 millions de barils par jour), et ses décisions en matière de quotas de production étaient déterminantes sur les prix.
Avec l’introduction du brut sur le Nymex, puis sur les autres Bourses, le prix du baril a progressivement échappé aux agents réels du marché pour tomber entre les mains d’intermédiaires financiers (boursiers, banquiers et investisseurs). Les premières transactions permettaient d’acheter ou de vendre du pétrole à terme : les contrats « Energy Futures » de 1983 portaient sur des transactions fermes à un prix et à une date de livraison prédéterminés. Mais, depuis le déclenchement de la guerre contre l’Irak, et l’émergence d’un terrorisme islamiste international, l’accélération des effets du réchauffement climatique, les tensions politiques et sociales et les montées du nationalisme (les États producteurs réclament plus de royalties), les risques se sont accrus.
Pour se couvrir contre tous ces risques à la fois, les agents boursiers ont échafaudé le système des « Call Options ». Une clause « payante » insérée dans les « contrats futurs » permet à l’acheteur de mettre ou non son option à exécution. Grâce à cette « assurance » (jusqu’à 10 dollars par baril), l’acheteur se prémunit contre une forte variation des cours, mais il alimente la frénésie d’achats de « pétrole papier » et contribue à faire monter les prix Preuve de l’engouement des investisseurs, le nombre de contrats avec « Call Options » sur le Nymex s’élève actuellement à 320 000, deux fois plus qu’en janvier 2007. Alors que les primes ont quintuplé (de 2 à 10 dollars). Les options portent sur des prix allant de 100 à 250 dollars le baril pour des livraisons en décembre 2008 ou décembre 2009.
Comment les acheteurs et les vendeurs calculent-ils leurs risques ? Ils utilisent des formules complexes de probabilités basées sur des prévisions de taux d’intérêt à terme (le prix de l’argent), d’offre, de demande et de stocks (de brut et de produits raffinés), ainsi que de risques politiques (selon les analystes, une guerre contre l’Iran ferait immédiatement monter le baril à 150 dollars). Face aux jeux aléatoires du Nymex, une étude prospective plus sage – celle de l’Agence internationale de l’énergie publiée le 7 novembre dernier – prévoit deux scénarios pour 2030 : une « continuité » des tendances actuelles avec un baril à 108 dollars ; ou une « aggravation » à 152 dollars (au prix courant).

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