La Commission économique pour l’Afrique du Nord plaide pour un marché commun

Réuni à Rabat (Maroc), du 4 au 6 mars, le Comité intergouvernemental d’experts de la Commission économique pour l’Afrique du Nord de l’ONU a planché sur le thème de « l’industrialisation pour un développement durable et inclusif » dans la région. Parmi les recommandations envisagées : un plus grand rôle pour le secteur privé et un push en faveur du marché commun.

La 29e session du Comité intergouvernemental d’experts de la CEA-AN a eu lieu à Rabat. © Vincent Fournier/JA

La 29e session du Comité intergouvernemental d’experts de la CEA-AN a eu lieu à Rabat. © Vincent Fournier/JA

Publié le 7 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

C’est dans le luxueux hôtel Tour Hassan, en plein centre-ville de Rabat que s’est déroulé, du 4 au 6 mars, la 29e session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) de la Commission économique pour l’Afrique du nord des Nations-Unis (CEA-AN). Au menu des discussions cette année : « l’industrialisation pour un développement durable et inclusif » dans la sous-région.

Des délégations gouvernementales des pays membres du CEA-AN (Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie, Soudan du nord, Tunisie), ainsi que des experts internationaux étaient réunis afin de déterminer les moyens de développer des chaînes de valeur industrielles régionales. Les recommandations du comité, en cours de finalisation, seront soumises aux ministres de l’Économie et des Finances de l’Union Africaine et aux comités ministériels de la Commission Économique des Nations Unis pour l’Afrique qui se réuniront fin mars à Abuja, au Nigeria.

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Certaines grandes tendances émergent déjà. Comme l’explique Karima Bounemra Ben Soltane, directrice de la CEA-AN, cette intégration économique doit être bâtie sur une meilleure compréhension du tissu industriel de la région.

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Chaînes de valeur

« Une cartographie des industries qui existent déjà dans les pays nord-africains est nécessaire, indique-t-elle, afin d’identifier les avantages comparatifs de chacun d’entre eux et mettre en évidence les chaînes de valeur régionales réalisables dans la zone ». Le secteur des énergies renouvelables, « dont le potentiel est immense pour des raisons géographiques et météorologiques », laisse-t-elle entendre, paraît bien indiqué.

De façon plus générale, estime Nassim Oulmane, économiste principal de la CEA-AN, « l’Afrique du Nord souffre d’une faible diversification de sa production, ainsi que d’un manque de débouchés et de partenariats, qui à leur tour pèsent sur les créations d’emplois ». De fait, entre 2005 et 2012, les produits manufacturés n’ont représenté que 20,4% des exportations nord-africaines – qui restent largement dominées par les produits primaires – contre 61% pour l’ensemble des pays développés en 2012. Cela traduit selon cet expert un problème structurel : la faible valeur ajoutée industrielle de la zone. Un déficit auquel la création de chaînes de valeur industrielles régionales pourrait remédier.

Marché commun

Autre source d’industrialisation envisagée par la CEA-AN : le commerce régional. « Il y a un potentiel énorme que les pays n’ont pas encore utilisé, explique Karima Bounemra Ben Soltane, à savoir leur propre intégration, sans oublier celle avec le reste du continent africain, qui est l’une des régions les plus dynamiques au monde ». De fait, en 2013, le commerce intra-zone n’a atteint que 4,8% des échanges de la région. « Avec la globalisation de l’économie, il y a des limites à ce qu’un pays peut faire tout seul, surtout en prenant en compte la petite taille de chaque marché. Le pays le plus peuplé du Maghreb, l’Algérie, compte moins de 40 millions d’habitants », rappelle la directrice de la CEA-AN.

Aussi, à l’image de l’Union maghrébine des employeurs, dont la dernière réunion s’est tenue en février à Marrakech, le CEA-AN souhaite que le secteur privé prenne une plus grande part à l’intégration régionale : « L’entrepreneuriat privé peut proposer des solutions. Et il doit jouer un rôle majeur dans le cadre de la coopération régionale », soutient-elle.

La situation paraît d’autant plus inquiétante que les performances économiques et commerciales de la zone sont dans le rouge. En 2013, la région a connu une croissance économique d’à peine 2,5% contre 6,6% en 2012. Le déficit de la balance commerciale a quasiment quintuplé au cours de l’année écoulée, passant à 34,2 milliards de dollars contre 5,8 milliards en 2012.

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