Coup de semonce

Les vraies raisons de l’échec d’Hugo Chávez au référendum constitutionnel du 2 décembre.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois depuis son accession au pouvoir, en 1998, Hugo Chávez a subi un revers électoral. Lors du référendum constitutionnel du 2 décembre, qui, en cas de victoire du oui, aurait considérablement accru les pouvoirs du chef de l’État vénézuélien, les électeurs ont en effet répondu non à 50,7 %. La marche vers le « socialisme du XXIe siècle » se trouve donc sinon interrompue, du moins sérieusement ralentie. « Dans l’immédiat, nous n’avons pas pu », a-t-il admis. Chávez ne pourra notamment pas briguer indéfiniment la présidence de la République, ce qui signifie qu’il n’aura constitutionnellement pas le droit de participer au scrutin de 2012.

Sourire en coin
À l’annonce des résultats, le président vénézuélien a aussitôt reconnu sa défaite. « Par cette victoire, ils [ses adversaires] ont démontré que la voie des urnes est la bonne », a-t-il déclaré, sourire en coin. L’allusion visait à l’évidence la tentative de putsch fomentée contre lui par l’opposition, en avril 2002
Pourtant, Chávez n’a nulle intention d’en rester là. Dès le 5 décembre, il est revenu à la charge en fustigeant la « victoire de merde » de l’opposition et en évoquant, dans un entretien télévisé, une assez inquiétante « initiative populaire » destinée à remettre sa réforme sur les rails. Le Parlement lui ayant accordé les pleins pouvoirs pour une durée de six mois, « Hugo the Boss » a sans nul doute les moyens de contourner le verdict des urnes.
Dans l’immédiat, il va surtout devoir remobiliser son camp. Car sa défaite est moins due à une progression de l’opposition – qui, entre la présidentielle de 2006 et le référendum du 2 décembre, n’a gagné que 300 000 voix – qu’à une forte augmentation du taux d’abstention (45 %, contre 25,3 % en 2006). À l’évidence, une partie de sa base n’a pas suivi Chávez dans sa volonté de faire « la révolution dans la révolution ». Nombre d’élus locaux, par exemple, ont craint que l’instauration de nouveaux « pouvoirs populaires » (communaux, conseils ouvriers, conseils paysans, etc.) ne remette en question le leur.
Il est par ailleurs plus que probable que les difficultés économiques du moment ont joué leur rôle dans cette désaffection : de la pénurie de produits alimentaires de base (lait, sucre, etc.) à la relance de l’inflation (environ 18 % actuellement), en passant par l’inefficacité de l’administration et la corruption au sein de l’État. Grâce à la manne pétrolière et à un taux de croissance avoisinant 8 %, Chávez a beaucoup investi dans la santé et l’éducation. Et il subventionne massivement les prix des produits alimentaires. Mais l’interventionnisme excessif de l’État, l’instauration d’un contrôle des prix et des changes, de même que la chute de l’investissement ont créé des distorsions considérables, notamment dans l’agriculture et les industries manufacturières. Les « déçus du chavisme » ont-ils manifesté leur mécontentement en s’abstenant ?
Pour enrayer cette amorce de déclin, Chávez devrait rétablir d’urgence la stabilité de la monnaie et celle des prix. Et, sans doute, éviter de politiser à outrance l’administration de manière à accroître son efficacité. Mais en a-t-il la volonté ?

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