Banques islamiques à la française

Avec quatre ans de retard sur le Royaume-Uni, premier en Europe, la France autorise enfin les produits bancaires conformes à la charia.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

En organisant « le premier forum français de la finance islamique », le 6 décembre à Paris, en partenariat avec plusieurs institutions très intéressées par le sujet, la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA) a osé mettre les pieds dans le plat. Alors que le thème est devenu banal à Londres, le fait de l’évoquer officiellement dans la capitale française était jusque-là tabou. La France, qui a déjà du mal avec ses banlieues, ne veut pas entendre parler de « banques communautaires ». Il n’empêche. Le marché bancaire islamique est en plein boom. À tel point que les autorités britanniques, qui ont autorisé en 2004 la création de la première banque islamique en Europe – l’Islamic Bank of Britain (IBB) – sont sur le point de lancer leur premier emprunt souverain conforme à la charia. Avec l’objectif déclaré de faire de Londres la plaque tournante de la finance islamique mondiale. Le Premier ministre Gordon Brown veut en outre favoriser le développement des produits financiers islamiques grâce à des règles juridiques et fiscales adéquates.
Le premier sous-gouverneur de la Banque de France, Jean-Paul Redouin, a donné le ton dès l’ouverture du forum. Rien ne s’oppose en France à la création de banques islamiques. Mieux, les demandes d’agrément en instance seront probablement exaucées. Les enjeux sont considérables. Avec un marché potentiel de 6 millions de clients – quatre fois plus que le marché local britannique -, les futures banques ou guichets « islamiques » français devraient rapidement connaître le succès. D’autant que leurs financements – achats de logements, de voitures et autres biens durables – ne seront pas réservés à la clientèle musulmane. Outre le détail, les banques françaises – qui agissent actuellement via leurs succursales du Golfe – lorgnent la gestion des fortunes et des fonds d’investissement souverains.
Les actifs islamiques dans le monde, estimés entre 500 et 750 milliards de dollars, sont gérés par environ 300 institutions financières. Le marché s’accroît au rythme de 15 % par an, soit cinq fois plus que le secteur bancaire classique. Le seul segment des « soukouks » (obligations islamiques) a doublé entre 2006 et 2007 pour atteindre aujourd’hui 92 milliards de dollars. Face à ce boom, l’État français ne peut plus garder le pied sur le frein encore longtemps.

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