Ahmadinejad ravit la vedette

Le président iranien s’invite au 28e sommet du Conseil de coopération du Golfe, qui s’est tenu les 2 et 3 décembre à Doha.

Publié le 10 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Doha, le 2 décembre. Dans le hall de l’hôtel Sheraton, les agents de sécurité et les hôtesses d’accueil qataris enveloppées dans leurs abayas noires aux manches brodées sont dépassés. Les dizaines de photographes et de journalistes venus couvrir le 28e sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ne veulent pas rater le spectacle : Mahmoud Ahmadinejad arpentant les couloirs tapissés de l’hôtel main dans la main avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite.
« Le président Ahmadinejad, répète à l’envi un diplomate iranien, visiblement ravi, est le premier président hors communautaire à être invité à un sommet du CCG », une organisation régionale créée en 1981 par les six pétromonarchies du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Koweït, Émirats arabes unis et Oman) pour endiguer la double menace que représentaient alors les régimes hégémoniques des deux grands voisins, l’Irak et l’Iran, qui venaient d’entrer en guerre.
Autre honneur fait à Ahmadinejad : il est le seul à qui le Cheikh Hamed Ibn Khalifa Al-Thani, émir du Qatar, a donné la parole au cours de la séance d’ouverture du forum régional. A-t-il convaincu ? « Non, le président Ahmadinejad était franchement décevant », fulmine un journaliste saoudien, relayé par des officiels de la région. On lui reproche notamment de n’avoir pas pipé mot sur le conflit territorial entre son pays et les Émirats arabes unis à propos de trois îlots du Golfe. Et, surtout, de n’avoir pas garanti à ses interlocuteurs – dont les pays abritent 40 000 soldats américains – qu’ils seraient à l’abri de toute riposte iranienne en cas d’affrontement militaire entre Téhéran et Washington. « Nous n’avons pas apprécié, non plus, qu’il utilise, à deux reprises, le terme persique pour qualifier le golfe Arabique », ajoute un diplomate koweïtien. Du coup, les propositions d’Ahmadinejad, relatives notamment à l’établissement d’une zone de libre-échange et à la mise en place d’une alliance militaire entre les six pétromonarchies arabes et l’Iran, ont été fraîchement accueillies par la plupart des délégations. Qualifiées d’« inopportunes et de fantaisistes » par de nombreux médias de la région, elles ont certes été saluées par la présidence qatarie du CCG, à l’origine de l’invitation d’Ahmadinejad après que ce dernier en eut « exprimé le désir », mais le communiqué final n’a pas fait la moindre mention du discours du président iranien.
Très médiatisé, ce dernier a failli éclipser un résultat notable de la rencontre : la création, le 1er janvier prochain, d’un marché commun au sein du CCG et le lancement, en 2010, d’une monnaie unique. Le sommet de Doha a aussi scellé la réconciliation entre le Qatar et l’Arabie saoudite. Le roi Abdallah est le premier souverain saoudien à fouler le sol qatari depuis dix-sept ans. À un journaliste qui établissait un parallèle avec l’Union du Maghreb arabe (UMA), un responsable du secrétariat général du CCG n’a pu s’empêcher de lancer : « Convenez que nous faisons mieux que nos frères du Maghreb. »

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