Nouvelle approche

Publié le 12 novembre 2003 Lecture : 2 minutes.

« JE RESTE UN PEU SUR MA FAIM. » Pour Louis Michel, le discours prononcé par George W. Bush devant les Nations unies à la fin du mois de septembre manquait quelque peu de sel. Le ministre belge des Affaires étrangères aurait sans nul doute apprécié une pincée de piment multilatéraliste. Non, les manières « bushiennes » ne sont décidément pas du goût du chef de la diplomatie, ni des Belges d’ailleurs, qui se sont unanimement – pour une fois – élevés contre la politique américaine en Irak.

La Belgique a longtemps été dénigrée pour sa petite taille, pour la tristesse de son climat, pour ses divisions communautaires ; elle a, un moment, été stigmatisée comme un peuple à la dérive quand ses gendarmes et ses juges tentaient, alors sans succès, de mettre sous les verrous Marc Dutroux, le pédophile le plus tristement célèbre de la planète. Pour avoir osé s’opposer à Washington, elle a même été rabaissée à la condition de simple « fabricant de chocolats » ou de « chihuahua de la France ». C’est pourtant cette « petite Belgique » qui a récemment retrouvé une place de choix dans le concert des nations, et au sein de l’Europe en particulier. Certes, le royaume ne serait probablement pas grand-chose sans l’Union, mais force est de reconnaître qu’il a su en tirer profit.
Plusieurs initiatives diplomatiques montrent que « le plat pays » sait prendre de la hauteur. Sa loi de compétence universelle – même si les ambitions du texte ont été revues à la baisse – en est une ; sa nouvelle approche du continent africain, une autre. Louis Michel a sorti son bâton de pèlerin, a admis que l’Afrique était « une tache sur la conscience occidentale » et a décidé de prendre part au processus de pacification de la région des Grands Lacs, où la Belgique avait réussi à s’arroger une part du gâteau colonial. Ce faisant, elle adoptait une posture plus enviable que la politique de l’autruche un temps privilégiée. Assumer ainsi son passé colonial devrait largement contribuer à améliorer ses relations avec des pays africains encore sujets au ressentiment.

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Comme pour mieux ancrer cette dimension internationale, le roi des Belges, Albert II, effectuait sa première visite d’État en France du 27 au 29 octobre dernier… dix ans après son accession au trône. Dans une envolée lyrique, lui et son hôte se sont mutuellement félicités de « regarder dans la même direction », selon les mots du souverain belge, que ce soit en Irak, au Moyen-Orient ou en Afrique. Et Jacques Chirac de s’enflammer : « Entre nous, il y a plus qu’une fraternité, il y a une communion d’âmes. Que vos compatriotes se réjouissent, et nous, Français, partageons leur bonheur. Vous-même, Sire, avez été cette année à Roland-Garros le témoin de cet engouement des Français pour les extraordinaires succès de la Belgique et de ses grandes championnes. » Un hommage appuyé aux deux tenniswomen Kim Clijsters et Justine Hénin-Hardenne, qui occupaient encore le haut du classement féminin mondial à la fin octobre… devant quatre Américaines.

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