L’impossible monsieur Sadr

Publié le 12 novembre 2003 Lecture : 1 minute.

Après un long débat au sein de l’administration américaine, les tenants de la ligne dure ont eu gain de cause : il faut neutraliser Moqtada Sadr. Le jeune (il a 30 ans) et néanmoins influent leader de la communauté chiite irakienne exaspère Washington, et un changement de stratégie à son égard s’impose. Jusque-là, les Américains, jugeant les chiites non hostiles à la présence de la coalition, voire à l’occupation pour certains ayatollahs, ont ménagé les personnalités de cette communauté, majoritaire en Irak. Mais Moqtada Sadr a « dépassé toutes les limites », selon un responsable du Pentagone, cité par le Washington Post. Non seulement il refuse que ses miliciens de Jeich el-Mahdi (une armée d’un million de volontaires, selon le bureau d’information de Moqtada Sadr) remettent leurs armes, comme l’a ordonné l’administrateur civil Paul Bremer, mais il est à l’origine d’une propagande qui frise l’appel au djihad contre les occupants. Pis : ses prêches ne s’arrêtent plus au seul Irak. Ils dénoncent désormais l’attitude des Américains en Afghanistan et leur partialité manifeste en faveur d’Israël.

Mais Sadr ne se contente pas de discours et de prêches, il rend difficile la pacification du pays chiite. Comment ? Il a introduit la fitna (« discorde ») au sein de la communauté chiite en s’en prenant aux quiétistes de l’ayatollah Ali Sistani, qui dénonce la présence américaine, mais recommande à ses fidèles de ne pas s’y opposer de manière violente. Et ne cesse de brocarder « les enturbannés qui ont rejoint le Conseil de gouvernement transitoire nommé par les Américains ». En outre, il a osé défier les Américains en appelant à la constitution d’un gouvernement parallèle pour torpiller les institutions irakiennes parrainées par Paul Bremer. Bien que le Pentagone ait, semble-t-il, conscience des complications qu’entraînerait la neutralisation de Sadr (les nombreuses tentatives d’arrestation du jeune leader ont provoqué à chaque fois des accrochages armés et de violentes manifestations), les Américains semblent prêts à s’aliéner une partie de la communauté pour mettre fin aux agissements de Moqtada.

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