Le rôle du père
Après plusieurs apparitions au cinéma, Samir Guesmi arpente les planches.
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A priori, rien ne prédisposait Samir Guesmi, titi parisien version maghrébine, à grimper sur les planches, ni à tourner sous la direction de Claude Miller (Betty Fisher et autres histoires), Alain Gomis (L’Afrance) ou Jean-Jacques Beineix (IP5). À 16 ans, il avait un CAP en poche et une dent contre l’éducation nationale (il l’a toujours). La journée, il vendait des jeans et des blousons en cuir aux puces de Saint-Ouen (nord de Paris), et le soir il se laissait tenter par des cours de théâtre.
Une dizaine d’années plus tard, il a gardé une dégaine d’adolescent faussement timide et troqué les puces contre le Théâtre du Rond-Point. Pas plus tard que la saison dernière, on l’a vu jouer les « Casanova de HLM » dans Une nuit arabe de Roland Shimmelpfennig. Son nom n’inspire encore rien au grand public. Pourtant son prénom a inspiré un personnage, et peut-être tout un texte, au dramaturge australien Daniel Keene. Cette pièce, c’est Cinq Hommes. Samir Guesmi y joue Samir, un travailleur clandestin venu d’Afrique. Il passe ses journées perché sur un échafaudage, ses soirées dans un bar en tôle ondulée et ses nuits dans la « plus haute des solitudes » sur un lit superposé. Sa tête, elle, est ailleurs. Là où sont ses « chéris », son épouse et son fils. S’il est loin, c’est pour eux. Pour subvenir à leurs besoins, du moins les plus matériels, tant pis pour les autres.
La vie de ce personnage n’est pas complètement étrangère à Samir Guesmi. C’est un peu celle de son père, immigré algérien parti pour la France dans l’espoir de rentrer chez lui les poches pleines. Est-ce pour autant qu’il a été plus facile de se glisser dans ce rôle ? « Au début des répétitions, c’est ce que j’ai cru, mais en fait, c’était pire. C’était le parcours de mon père, qui a travaillé sur les chantiers toute sa vie, sans l’être vraiment. Et puis, quand bien même on m’aurait demandé d’incarner mon père… Je me suis rendu compte à quel point je ne le connaissais pas intimement. J’ignore tout du jeune homme qu’il était quand il est arrivé en France. Tout cela est assez troublant. »
Mais gageons que ce « trouble » n’est pas pour déplaire à Samir Guesmi, qui confesse son envie d’interpréter des personnages difficiles. « J’aimerais qu’on me propose un rôle d’autiste ou de quelqu’un qui n’est pas dans les normes. On en croise tellement dans la rue », se justifie-t-il. En attendant, il sera prochainement à l’affiche de plusieurs films : Rrrrrrr (sic !) d’Alain Chabat, Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout et Qui perd gagne de Laurent Bénégui.
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